Les artistes franco-ontariens, une richesse culturelle nationale
Les artistes franco-ontariens sont de plus en plus nombreux en théâtre, en littérature, en musique, en danse, en humour et en arts visuels. Plusieurs se démarquent sur la scène franco-canadienne par la qualité et l’importance de leurs œuvres. Grâce à plusieurs organismes culturels bien ancrés dans la communauté, ces artistes proposent une variété d’œuvres et de produits dans la plupart des régions de l’Ontario. Le secteur télévisuel est aussi bien développé avec la Télévision française de l’Ontario (TFO) créée en 1970. Trois villes, dans trois régions différentes, jouent un rôle central dans le développement d’artistes, d’activités artistiques et d’événements culturels, soit Toronto pour le sud, Ottawa pour l’est et Sudbury pour le nord. La communauté francophone de l’Ontario est la plus nombreuse dans une province autre que le Québec avec plus d’un demi-million de personnes. Ces nombreux francophones contribuent à la vigueur du secteur artistique et culturel franco-ontarien.
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L’importance identitaire du théâtre franco-ontarien
Le premier théâtre professionnel francophone de l’Ontario voit le jour à Toronto en 1967. Puis, avec la création du Théâtre du Nouvel-Ontario à Sudbury en 1971, la langue et la réalité franco-ontariennes prennent forme pour la première fois dans des pièces phares comme Moé j’viens du Nord, ‘stie et Lavalléville. Depuis, la dramaturgie franco-ontarienne s’est ancrée dans toutes les régions de la province.
Plusieurs troupes de théâtre professionnelles (Théâtre du Trillium, Théâtre de la Vieille 17, Théâtre la Catapulte, Théâtre la Tangente, Théâtre français de Toronto, Compagnie Vox Théâtre et Créations In Vivo) produisent régulièrement des pièces d’auteurs franco-ontariens (Jean-Marc Dalpé, Brigitte Haentjens, Robert Marinier, Claude Guilmain, Michel Ouellette, Patrick Leroux). Les pièces Les murs de nos villages, Hawkesbury blues et French Town ont connu d’importants succès autant publics que critiques et la pièce French Town de Michel Ouellette a remporté le prix du Gouverneur général en 1993. Sur le plan communautaire, plusieurs troupes montent aussi des pièces tirées d’un répertoire varié.
Une littérature riche et variée
Depuis les années 1970, la littérature franco-ontarienne est vivante, diversifiée et souvent publiée dans la province. En effet, depuis la création de la première maison d’édition franco-ontarienne en 1973, les Éditions Prise de parole de Sudbury, les auteurs de l’Ontario français ont le privilège de publier chez eux. Ils ont même l’embarras du choix lorsque vient le temps de soumettre leur manuscrit, car l’Ontario possède désormais le plus grand nombre de maisons d’édition francophones hors Québec, avec Prise de parole, L’Interligne, Vermillon, David et le GREF. Le Regroupement des éditeurs franco-canadiens, un organisme dédié à la promotion de la littérature franco-canadienne, a d’ailleurs pignon sur rue à Ottawa. Les Salons du livre de Toronto, de Sudbury, de Hearst et de l’Est ontarien, de même que le Salon du livre de l’Outaouais pour la région d’Ottawa concourent également à la diffusion de la littérature franco-ontarienne.
Les auteurs franco-ontariens publient des contes, des romans, des pièces de théâtre, des nouvelles, de la littérature jeunesse et de la poésie. C’est grâce à cette dernière que la littérature franco-ontarienne a pris son envol dans les années 1970 avec des poètes incontournables tels Robert Dickson, Patrice Desbiens et Jean-Marc Dalpé, qui est aujourd’hui surtout reconnu pour son théâtre. D’autres poètes, dont Andrée Lacelle et, plus récemment, Éric Charlebois, Tina Charlebois et Sonia Lamontagne, ont remporté plusieurs prix. Du côté du roman, l’Ottavien Daniel Poliquin est sans doute l’auteur le plus connu. Ses talents de romancier et de traducteur littéraire lui ont valu plusieurs prix et distinctions à compter des années 1990, avec la parution de Visions de Jude et des œuvres suivantes. D’autres romans, dont La quête d’Alexandre d’Hélène Brodeur et La vengeance de l’orignal de Doric Germain, sont devenus des classiques franco-ontariens. La vengeance de l’orignal, paru en 1980, est d’ailleurs le premier best-seller franco-ontarien, vendu à plus de 10 000 exemplaires. Il faut aussi mentionner les auteurs Didier Leclair, Andrée Christensen, Marguerite Andersen, Michel Dallaire et Margaret Michèle Cook, qui ont tous remporté des prix. La littérature franco-ontarienne est donc très diversifiée et de grande qualité malgré son jeune âge.
Un répertoire musical impressionnant
La musique occupe aussi une place importante dans la culture franco-ontarienne. La chanson Notre place, écrite par Paul Demers et composée par François Dubé en 1989, a été désignée hymne officiel des Franco-Ontariens en 2017. Tout comme pour la littérature, c’est à Sudbury que la musique proprement franco-ontarienne s’est d’abord développée. En 1973, la première édition de La nuit sur l’étang se déroule dans un contexte d’ébullition identitaire et culturelle. Cet événement a marqué l’histoire de l’Ontario français. Des artistes en musique, poésie, théâtre et arts visuels y participent. Dès 1979, l’événement se consacre presque exclusivement à la musique et plusieurs chanteurs et groupes franco-ontariens vont se produire régulièrement lors de ses éditions annuelles. Le groupe CANO musique (acronyme de Coopérative des artistes du Nouvel Ontario, le groupe d’artistes multidisciplinaire dont ces musiciens faisaient partie), actif de 1975 à 1985, est l’un des plus populaires de cette époque, avec le groupe Garolou dont le répertoire reposait sur la musique traditionnelle. Dans les années 1970-1980, Robert Paquette fait aussi rayonner la chanson franco-ontarienne au Québec et en Europe. En 1986, l’arrivée du concours Ontario pop (désormais Rond Point) sert de tremplin aux artistes franco-ontariens émergents. En 1990, la fondation de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique procure aux artistes une plus grande visibilité et une meilleure diffusion de leur musique.
Depuis les années 1990, la musique en Ontario français connaît une effervescence impressionnante. Les groupes Swing, Deux Saisons, Brasse-Camarade, En bref, Konflit Dramatik et Afro Connexion, ainsi que les chanteurs Marcel Aymar, Damien Robitaille, Stef Paquette, Andrea Lindsay, Tricia Foster et YAO connaissent plusieurs succès. La musique franco-ontarienne s’est diversifiée et ses artistes se produisent maintenant un peu partout au Canada et dans le monde. La chanteuse Véronic Dicaire, davantage reconnue pour ses talents d’imitatrice, se produit régulièrement en Europe et aux États-Unis. La relève actuelle se porte également très bien ; des artistes tels Mehdi Hamad, Mélanie Brulée, Céleste Lévis et Gabrielle Goulet, de même que les groupes Georgian Bay, Moonfruits et Pandaléon sont prometteurs.
La diversité des arts médiatiques et de la scène
Avec la Télévision française de l’Ontario (TFO), les Franco-Ontariens ont accès à du contenu télévisuel francophone créé par eux et pour eux. Ses productions pour les jeunes d’âge préscolaire et scolaire sont particulièrement appréciées à travers le monde, grâce à ses initiatives multiécrans (télévision, diffusion Web et applications mobiles). En arts visuels, le Bureau des regroupements d’artistes visuels de l’Ontario (BRAVO) soutient ses artistes avec quatre bureaux régionaux. Les sculpteurs Laurent Vaillancourt, Maurice Gaudreault et Laurette Babin, les peintres Clermont Duval, Shahla Bahrami et Marc Charbonneau, ainsi que les artistes interdisciplinaires Sylvie Bélanger, Yvan Dutrisac, Joseph Muscat et Ginette Légaré ne sont que quelques-uns des 300 artistes visuels professionnels qui font carrière en Ontario français. La Galerie du Nouvel-Ontario à Sudbury, Jean-Claude Bergeron à Ottawa et le centre d’arts médiatiques francophones Le Labo à Toronto sont importants dans ce milieu. Enfin, en humour, quelques personnalités franco-ontariennes sont maintenant très connues au Québec où l’industrie de l’humour très développée leur permet de faire carrière : Patrick Groulx d’Ottawa, Katherine Levac de Saint-Bernardin et Julien Tremblay d’Hawkesbury.
L’écho d’un peuple, un exemple de l’impact des festivals et événements culturels
De 2004 à 2008, un projet artistique collectif de l’Est ontarien, L’écho d’un peuple, connaît un succès impressionnant. Ce méga spectacle multidisciplinaire témoigne de l’importance des arts pour la communauté franco-ontarienne, car il a notamment permis d’amasser des fonds pour éviter la fermeture de l’hôpital Montfort, le seul hôpital francophone à Ottawa. De plus, plusieurs festivals et activités culturelles ont lieu chaque année en Ontario français : à Toronto, la Franco-Fête de Toronto, Franco Fierté, Francophonie en fête et le Ciné-franco ; à Ottawa, le Festival franco-ontarien ; à Sudbury, les Concerts la Nuit sur l’étang. La fête de la Saint-Jean-Baptiste est aussi soulignée par un spectacle et diverses activités festives dans plusieurs communautés francophones. Plusieurs festivals animent également le milieu scolaire : le Festival de Théâtre Action, le Festival de danse, Vision’Art pour les arts visuels et Quand ça nous chante en musique populaire. Le milieu scolaire franco-ontarien est aussi doté d’une ligue d’improvisation (L’AFOLIE).
L’Ontario français, une communauté artistique dynamique
Dotée d’institutions et d’organismes variés, la communauté franco-ontarienne peut se vanter d’avoir plusieurs ressources favorisant l’accès aux produits culturels et artistiques créés dans la province. Avec huit compagnies de théâtre professionnelles, une quinzaine de troupes communautaires, huit maisons d’édition, plusieurs centres culturels et festivals annuels, le milieu artistique et culturel franco-ontarien est bien représenté. Que ce soit à Toronto, à Ottawa, à Sudbury ou dans les régions où vivent de nombreux francophones, comme dans l’Est ontarien, à Hearst ou à Windsor, la scène artistique est bien présente, vigoureuse et porteuse d’avenir.