Site historique maritime de Pointe-au-Père : éclairer le passé maritime du Québec
Le phare de Pointe-au-Père, situé à quelques kilomètres à l’est de Rimouski, a joué un rôle majeur dans l’histoire du pilotage sur le Saint-Laurent. Désigné lieu historique national du Canada en 1974, il préserve le patrimoine hérité d’un mode de vie et d’un savoir-faire pratiquement disparus aujourd’hui, mais longtemps essentiels. Sur le même site, on peut aussi visiter le sous-marin Onondaga, vivre la saisissante animation consacrée au naufrage de l’Empress of Ireland, le deuxième plus meurtrier de l’histoire après celui du Titanic, et visiter l’exposition sur la vie des habitants du Québec à cette époque. Cet ensemble unique fait du site de Pointe-au-Père l’un des plus courus et appréciés sur l’histoire maritime québécoise et canadienne.
Pour en savoir plus…
Un patrimoine maritime d’une grande richesse
Le site historique maritime de Pointe-au-Père fait partie du circuit patrimonial Route des phares qui regroupe une quarantaine de ces précieux bâtiments d’aide à la navigation ouverts au public sur le territoire du Québec. Ce phare désaffecté construit en béton armé, de forme octogonale, doté de huit contreforts à arcs-boutants, est le deuxième plus haut au Canada. Il est l’un des neuf phares de ce style érigés au pays au début du 20e siècle. Du haut de ses 33 mètres, le visiteur jouit d’une vue panoramique sur Pointe-au-Père, l’estuaire du Saint-Laurent et le littoral. Le phare proprement dit est flanqué du bâtiment abritant le criard de brume et de quelques dépendances, incluant la maison du gardien de phare.
Tout près, le visiteur peut découvrir – et revivre grâce à un spectacle multisensoriel de grande qualité – le tragique naufrage du paquebot transatlantique Empress of Ireland, qui a sombré au large de Sainte-Luce-sur-Mer (tout près de Pointe-au-Père) le 29 mai 1914, causant la mort de 1012 personnes sur les 1477 qui étaient à bord. Cette tragédie est survenue deux ans après le naufrage du Titanic, auquel certains passagers de l’Empress of Ireland avaient survécu. Une exposition interactive résume l’histoire du navire et de l’exploration sous-marine de son épave. Les visiteurs peuvent aussi monter à bord du sous-marin Onondaga, construit dans les années 1960 pour la Marine royale canadienne, une chance unique de découvrir le mode de vie des 70 marins qui séjournaient au creux de cet étroit navire de 90 mètres pendant de longues périodes. Il est même possible de passer une nuit à bord.
Un site stratégique
Pendant plus de 100 ans, le phare de Pointe-au-Père était le cœur d’un des plus importants centres d’aide à la navigation au Canada. En fait, quatre phares se sont succédé à cet endroit entre 1859 et aujourd’hui. Les édifices du site reflètent quelques étapes marquantes de l’histoire de la navigation sur le Saint-Laurent.
En 1805, Pointe-au-Père est désigné comme frontière orientale de l’estuaire du Saint-Laurent. À partir de là, un pilote doit se trouver à bord des navires qui se rendent jusqu’à Québec, car l’estuaire est un plan d’eau dangereux à cause des courants, des récifs et des hauts fonds. En 1860, la Corporation des pilotes du Saint-Laurent prend le contrôle de la profession pour éviter que les pilotes aillent toujours plus loin au-devant des navires, au péril de leur vie. Certains pilotes ont déjà choisi Pointe-au-Père comme lieu d’embarquement. Pour aider les capitaines de navires à repérer l’endroit, un premier phare est construit en 1859, secondé d’un canon pour envoyer un signal sonore par temps brumeux.
De 1905 à 1959, Pointe-au-Père devient la base opérationnelle de la Corporation des pilotes du Saint-Laurent, et donc un lieu de passage obligé de tous les navires circulant sur le Saint-Laurent. Le phare actuel, plus haut et plus puissant que les précédents, est érigé en 1909. Une station de télégraphie Marconi est également mise en service en 1907, puis on ajoute un centre d’expérimentation de signaux sonores et un service d’inspection médicale des navires. La station d’aide à la navigation de Pointe-au-Père cesse ses activités en 1998.
Mettre en valeur les bâtiments et la mémoire des navigateurs
Cette station d’aide à la navigation est reconnue lieu historique national du Canada dans le cadre d’un programme lancé en 1973 visant à identifier les phares les plus représentatifs de l’histoire maritime canadienne. Dans les années suivantes, le phare et le bâtiment du criard de brume sont aussi désignés pour leur valeur patrimoniale. Sur le site, un monument dévoilé en 1995 honore la mémoire des marins de la Marine royale canadienne et de la marine marchande du Bas-Saint-Laurent qui sont décédés en mer durant la Seconde Guerre mondiale. Une plaque commémorative installée en 2002 souligne la remarquable contribution des pilotes du Bas-Saint-Laurent dans le développement du Canada.
La vie maritime et la navigation sont des éléments importants de l’identité des habitants du Bas-Saint-Laurent. Les noms de lieux et de commerces de la région reflètent leur attachement à ce patrimoine, comme la rue du Phare et l’école du Vieux-Phare, à Rimouski. C’est en l’an 2000 que l’ensemble du site est officiellement rebaptisé Site historique maritime de la Pointe-au-Père.