Shippagan, Lamèque et Miscou, au cœur de l’Acadie maritime
Dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, à l’extrémité de la Péninsule acadienne, à Shippagan et sur les îles de Lamèque et de Miscou, la pêche a toujours été l’activité principale. Bien que cette dernière demeure centrale, le tourisme est un secteur qui compte aujourd’hui pour beaucoup dans cette région presque totalement francophone. D’immenses plages de sable fin, des tourbières sauvages et un parc écologique aménagé pour l’observation de la faune et de la flore, un phare reconnu lieu historique national du Canada, un aquarium provincial, des festivals, la mecque canadienne du kitesurfing et de succulents fruits de mer… la région a tout pour plaire aux visiteurs ! La culture et le parler acadiens y règnent en maîtres, à quelques minutes de route de Caraquet, reconnue comme un grand centre culturel acadien. Ces trois localités voisines sont aussi profondément acadiennes et méritent que les visiteurs en découvrent les nombreux attraits naturels et culturels, traditionnels et contemporains.
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Un été en fête
Au mois de juillet, les festivals se succèdent dans cette région habituellement paisible. Les célébrations commencent à Shippagan avec le Festival provincial des pêches et de l’aquaculture du Nouveau-Brunswick durant lequel s’enchaînent les spectacles musicaux, la bénédiction des bateaux de pêche, les repas communautaires et les compétitions sportives. Le nom de ce festival reflète le caractère maritime de Shippagan où se retrouvent un important institut de recherche, une flotte de pêche et l’Aquarium et Centre marin du Nouveau-Brunswick, une attraction qui met en valeur la faune marine et la pratique de la pêche. La Maison de la culture propose également un calendrier de spectacles et expose des œuvres d’artistes locaux.
Le Festival provincial de la tourbe de Lamèque suit celui de Shippagan. Son nom souligne l’apport de l’exploitation des tourbières dans l’économie locale. On propose pendant ce festival une visite guidée de la Tourbière du Grand Lac, des spectacles musicaux et le visionnement de films documentaires réalisés par des artistes locaux sur l’industrie de la tourbe, la culture, les légendes et le folklore acadiens, projetés sur la façade de l’église Notre-Dame-des-Flots.
À la fin du mois de juillet, le Festival international de musique baroque de Lamèque clôt cette série d’événements festifs. Ce bref festival de renommée internationale a comme caractéristique de présenter des interprétations du répertoire classique des années 1600-1800 avec des instruments d’époque ou des copies fidèles. Il a aussi comme particularité de se tenir dans l’extravagante église Sainte-Cécile de Petite-Rivière-de-l’Île reconnue pour la qualité de son acoustique. Construite en 1913, mais redécorée en 1969 par le peintre Paul Gauvin, selon la vision du révérend Gérard D’Astous, elle est unique au monde. L’explosion de teintes pastel qui couvre toute la surface intérieure de l’église évoque librement le passage sur terre, le décès et l’accès au paradis. Son originalité attire un grand nombre de visiteurs venus d’un peu partout sur le continent.
Le patrimoine naturel
Situé sur l’île Lamèque, le Parc écologique de la péninsule acadienne permet aux visiteurs de découvrir les cinq principaux écosystèmes de la Péninsule, la centaine d’espèces d’oiseaux qui la fréquentent et les 120 espèces de plantes indigènes que contient le parc. Les guides-naturalistes enrichissent la visite par des légendes locales.
Entre les îles Lamèque et Miscou s’étend un vaste plan d’eau peu profond protégé par un long banc de sable. C’est l’un des meilleurs endroits au Canada pour pratiquer le kitesurf. Les sportifs plus aventureux apprécieront les conditions aussi venteuses, mais plus agitées que l’on trouve à l’est des îles Lamèque et Miscou. Les nombreuses plages publiques et les ports de pêche, en particulier celui de Pigeon Hill qui abrite plus de 60 bateaux, rappellent l’importance de la mer pour ces communautés.À l’île Miscou, l’Observatoire du lac Frye permet aussi d’observer l’une ou l’autre des quelque 265 espèces d’oiseaux qui y sont de passage à divers moments de l’année. Le Sentier des tourbières aménagé sur pilotis traverse une tourbière vierge. Des panneaux présentent les espèces florales et la faune qui y vivent. À la pointe nord-est de l’île, les visiteurs peuvent admirer du haut du phare en bois de Miscou, construit en 1856, reconnu lieu historique national du Canada, le paysage sauvage de l’île, les plages sans fin et la baie des Chaleurs.
Une longue histoire
Au 17e siècle, des commerçants français établissent des postes de pêche et de traite de fourrures sur l’île Miscou. Les Jésuites y fondent même une mission qui est abandonnée en 1660, car les Autochtones de la nation micmaque se font moins nombreux dans la région et les Français ne s’y implanteront de façon permanente qu’un siècle plus tard.
En 1761, un recensement signale la présence à Shippagan et sur l’île Lamèque de quelques familles acadiennes qui ont fui la Déportation. Entre 1830 et 1850, deux compagnies de pêche jersiaises s’établissent à Shippagan et sur l’île Lamèque, procurant aux pêcheurs acadiens le moyen de subsistance qui leur permet de demeurer dans la région. L’île Miscou se peuple à la même époque. Ce n’est cependant qu’au début du 20e siècle que les Acadiens commencent à prendre en main l’industrie de la pêche en créant des coopératives qui leur permettent enfin de hausser leur niveau de vie. À partir des années 1940, l’exploitation des tourbières contribue également au développement économique.
Aujourd’hui, le campus de Shippagan de l’Université de Moncton, l’Institut de recherche sur les zones côtières et l’Association coopérative des pêcheurs de l’île, dont le chiffre d’affaires a triplé tout récemment et qui a remporté le titre d’entreprise de l’année du Conseil économique du Nouveau-Brunswick en 2016, contribuent au développement actuel et futur de cette région acadienne à 97 % francophone.