Lieu historique Roma à Trois-Rivières
Le site Roma à Trois-Rivières plonge les visiteurs dans la première période d’occupation française de l’Île-du-Prince-Édouard, alors appelée île Saint-Jean. En 1732, Jean-Pierre Roma, natif de Bordeaux, en France, fonde un important poste de pêche à l’embouchure des rivières Brudenell et Montague. Roma et ses employés font du commerce avec Louisbourg, la France et les Antilles. Aujourd’hui, dans la reconstitution partielle de son établissement reconnu lieu historique national dès 1936 par le gouvernement du Canada, les visiteurs font l’expérience de certains aspects de la vie que menaient ces pionniers français entre 1732 et 1745. Ils peuvent entre autres déguster des repas et des collations inspirés de l’alimentation du 18e siècle, préparés sur place, notamment un excellent pain cuit dans le four extérieur en brique et en argile, chauffé au bois, comme à l’époque. Des guides costumés bilingues animent le site et renseignent les visiteurs.
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Le patrimoine immatériel à l’honneur
Dans cet endroit enchanteur situé sur une pointe de terre, au milieu de la baie Sainte-Marie où l’on pratique aujourd’hui l’élevage de la moule à grande échelle, l’organisme à but non lucratif responsable du site mise sur le savoir-faire et les saveurs d’autrefois, deux éléments du patrimoine immatériel, pour séduire les visiteurs. Dès leur arrivée au bâtiment principal, reconstruit selon les techniques de l’époque, on leur demande s’ils veulent travailler pour M. Roma. S’ils acceptent de payer les modiques droits d’entrée, les visiteurs signent un contrat avec la Compagnie de l’est de l’Isle St-Jean de M. Roma avec une plume d’oie taillée comme autrefois et trempée dans l’encre. Cette première expérience donne le ton à la visite. Ensuite, les employés d’un jour peuvent s’habiller comme à l’époque s’ils le désirent, ou seulement se faire expliquer par les guides comment on s’habillait autrefois. Ils peuvent jouer au bilboquet et à d’autres jeux d’adresse de l’époque, apprendre à faire des nœuds, à fabriquer un filet, s’initier à la préparation de la pâte à pain ou simplement goûter au pain servi avec de la mélasse des Antilles, selon le jour de la semaine.
À l’extérieur, un vaste jardin clôturé comme autrefois, pour le protéger des animaux domestiques et sauvages, fournit certaines herbes utilisées dans les tisanes servies à l’intérieur. Les visiteurs apprennent près d’une barque de pêcheur les rudiments de la pêche à la morue et des techniques de conservation par salage et séchage.
Retrouver les saveurs d’antan
Que ce soit pour une collation servie en après-midi ou pour prendre un repas complet sur l’heure du midi, les cuisines de Roma à Trois-Rivières proposent un menu inspiré de ce qu’on mangeait à cet endroit au 18e siècle : soupe aux légumes, chaudrée de maïs, accompagnement de fèves, plats de poisson ou de porc, sans oublier l’indispensable pain. Les desserts variés, qui sont aussi offerts en collation, consistent en de la mélasse et des pâtisseries à base de pommes, de fromage, de rhum et de chocolat qui était déjà importé des Antilles à cette époque. Musique et animation agrémentent les repas qui sont servis dans la grande pièce du bâtiment principal, éclairée par de nombreuses fenêtres. Il est aussi possible de pique-niquer à l’extérieur.
Chaque année, durant le Festival des pionniers, au mois d’août, le site s’anime de multiples activités traditionnelles. Un festin spécial se déroule également au mois de septembre.
Un saut dans l’histoire des premières décennies de l’Île-du-Prince-Édouard
Quelques artéfacts trouvés sur le site sont exposés dans la boutique souvenir. Ils sont issus de fouilles archéologiques effectuées entre 1968 et 1970 qui ont mis au jour les vestiges des deux quais et des neuf bâtiments que comprenait l’établissement à son apogée, en 1745. Les 70 employés de Jean-Pierre Roma avaient alors défriché de vastes champs dans lesquels ils cultivaient principalement du blé et des pois, en plus des jardins de légumes. Les pêcheurs laissaient leurs barques au havre Saint-Pierre (aujourd’hui St. Peters Harbour), au nord de l’île, où vivaient également des Acadiens, car cet endroit était plus rapproché des bancs de pêche à la morue. Des chemins rudimentaires menaient de l’établissement Roma à ce havre, ainsi qu’à la rivière de l’Est (aujourd’hui Hillsborough) et au fort français de Port-la-Joye. L’établissement Roma était situé à l’extrémité de la pointe, à quelques centaines de mètres du site actuel. Des panneaux d’interprétation donnent des précisions sur sa localisation et la composition exacte de ses installations. La plaque historique apposée en 1936 s’y trouve également.
En juin 1745, un navire ennemi pénètre dans la baie, après la prise de Louisbourg. Des soldats britanniques et américains débarquent, pillent et brûlent l’ensemble des bâtiments. Seuls M. Roma et sa famille sont présents. Ils se cachent dans les bois puis vont prévenir les pêcheurs occupés au havre Saint-Pierre. Ils se réfugient plus tard à Québec, d’où Jean-Pierre Roma tente en vain de trouver des fonds pour relancer son entreprise. Il se rend ensuite aux Antilles, où l’on perd sa trace.