Rouleauville, aux origines francophones de Calgary

Le quartier Rouleauville rappelle les racines françaises de Calgary. Des commerçants et des missionnaires francophones arrivent dans la région vers 1850, puis une première mission permanente s’implante en 1872. Le père Doucet, qui la dirige, accompagne Ephrem Brisebois, le commandant de la troupe de la Police à cheval du Nord-Ouest, jusqu’au confluent des rivières de l’Arc et du Coude (Bow et Elbow) en 1875. La troupe construit à cet endroit le fort Brisebois qui sera renommé Calgary l’année suivante. La première paroisse de cette agglomération naissante, Notre-Dame-de-la-Paix, compte une majorité de Métis francophones et de Canadiens français. Parmi eux, les frères Charles et Édouard Rouleau jouent un rôle moteur. Le patrimoine de Rouleauville honore la mémoire de ces francophones.

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La renaissance de Rouleauville

La mise en valeur de l’héritage francophone à Rouleauville depuis 1995 est un bon exemple de la reconnaissance récente de l’apport des francophones au développement de Calgary et de l’Alberta, ainsi qu’à la richesse de son tissu social et culturel contemporain. Autour du parc d’interprétation bilingue du carré Rouleauville, grâce à une randonnée pédestre guidée, les visiteurs peuvent découvrir divers éléments de l’héritage francophone remontant aux premières années de la ville de Calgary.

Un village francophone

Édouard et Charles Rouleau, nés à L’Isle-Verte, au Québec, arrivent à Calgary à la fin des années 1880. Ils deviennent immédiatement des meneurs de la communauté. En 1888, le médecin Édouard devient le premier président de la Société Saint-Jean-Baptiste qui défend les intérêts des francophones. Il est aussi nommé consul de Belgique dans les Territoires du Nord-Ouest et fait partie des premiers membres du North West Territories Medical Association. Quelques années plus tard, il sera médecin-chef de l’hôpital Holy Cross que fondent quatre sœurs grises venues du Québec en 1891.

Son frère Charles, qui est juge, siège depuis 1883 au Conseil, puis à l’Assemblée des Territoires du Nord-Ouest (qui comprennent alors tout l’Ouest canadien actuel). Il est aussi membre du bureau d’Éducation de ces territoires. À ces titres, il réussit à maintenir le droit à l’éducation en français des catholiques francophones de cet immense territoire jusqu’aux changements législatifs de 1891-1892. Juge respecté, il donne aussi avec sa femme de fastueuses réceptions dans sa maison connue comme l’une des plus cossues de Calgary, surnommée le Castel aux Prés, animant ainsi la vie sociale de l’agglomération naissante. L’influence des frères Rouleau est si grande que le nom officieux du village francophone, Rouleauville, est incorporé en bonne et due forme en 1899.

De Rouleauville au quartier Mission de Calgary

La période majoritairement francophone de Calgary est fort brève. Les Métis interprètes ou conducteurs d’attelages de bœufs et les Canadiens français venus travailler dans les chemins de fer, qui constituent la majorité de la population dans les années 1880, sont rapidement dépassés en nombre par un abondant afflux d’immigrants non francophones.

En 1899, déjà, quand on incorpore le nom Rouleauville, ce village francophone compte 500 habitants, alors qu’on en dénombre 4000 à Calgary, dont la croissance est si forte qu’elle annexe Rouleauville en 1907 avec une population d’environ 15 000 habitants, en grande majorité anglophone. Le quartier annexé prend le nom de Mission et perd de plus en plus son caractère français.

L’anglicisation, déjà amorcée en 1889 avec le changement de nom de la paroisse Notre-Dame-de-la-Paix en St. Mary’s, se poursuit de plus belle. Les lois de la province de l’Alberta, créée en 1905, et les règlements municipaux restreignent le droit à l’éducation en français. Les noms de rue francophones disparaissent. Les messes ne sont plus célébrées qu’en anglais à partir de 1913, puisque les prêtres oblats francophones sont tous remplacés par des anglophones. Comme ailleurs en Alberta, les francophones de Calgary entament une période difficile.

Progressivement, à partir de 1926, avec la création de l’Association canadienne-française de l’Alberta, les Canadiens français de la province s’organisent pour maintenir leur langue et leur culture. Les premières victoires décisives sont cependant longues à venir ; on compte parmi elles l’ouverture d’une première école catholique francophone à Calgary, l’école Saint-Antoine, en 1984. Depuis, les progrès sont réguliers, comme en témoigne la volonté de remettre en valeur l’héritage de la période francophone fondatrice de Calgary à Rouleauville.

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