Le précieux legs des Ursulines, premières enseignantes du Québec
Arrivées à Québec en 1639, les Ursulines joueront un rôle prépondérant dans l’éducation des jeunes filles des débuts de la Nouvelle-France jusqu’à nos jours. Leur monastère de Québec, désigné lieu historique national du Canada en 1972 et classé immeuble patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications du Québec en 2011, comporte plusieurs bâtiments de pierre érigés entre le 17e et le 19e siècle. Leurs collections, qui comptent parmi les plus riches et les plus anciennes en Amérique du Nord, sont mises en valeur au Musée des Ursulines de Québec qui éclaire principalement deux aspects fondamentaux de la communauté : la vocation religieuse et l’instruction féminine. Ces deux thématiques reflètent l’évolution des Ursulines ainsi que celle de la société québécoise. Le public peut aussi visiter la chapelle des Ursulines et se recueillir sur le tombeau de la sainte fondatrice Marie de l’Incarnation. Le monastère est situé au cœur du site patrimonial du Vieux-Québec.
Pour en savoir plus…
Le patrimoine des Ursulines
Les bâtiments qui composent le monastère illustrent le développement de la communauté. Aux édifices datant du Régime français se sont greffées des ailes construites principalement entre 1836 et 1874, quand la population d’élèves et de novices était en forte croissance. Elles ont permis d’ajouter des parloirs, un réfectoire, un pensionnat, le noviciat des sœurs converses, et d’agrandir les cuisines et l’infirmerie. Les décors intérieurs conçus par l’architecte Baillargé, ainsi que les grilles de l’ancien parloir, ont été conservés.
La chapelle incendiée à quelques reprises a été reconstruite dans sa forme actuelle en 1902. Les œuvres d’art qu’on y trouve remontent au Régime français, notamment les tableaux et le maître autel. Il s’agit du seul décor religieux remontant à cette époque à avoir subsisté jusqu’à nos jours dans son état intégral. L’oratoire et le tombeau de Marie de l’Incarnation, béatifiée en 1980 en sa qualité de « mère de l’Église au Canada », se trouvent dans cette chapelle ouverte au public. Il est aussi possible de visiter les jardins de contemplation où les sœurs se recueillent et prient, qui sont parmi les mieux conservés du Vieux-Québec.
Parmi le riche patrimoine du Musée se trouvent les trésors suivants : le coffre utilisé par Marie de l’Incarnation lors du voyage qui l’emmena de la France à Québec en 1639 ; des ouvrages d’écorce brodés de piquants de porc-épic ou de poils d’orignal teints, témoignant du métissage des techniques amérindiennes et françaises ; des pièces d’orfèvrerie parisiennes antérieures à 1717, qui sont extrêmement rares ; des vêtements liturgiques brodés, peints, dorés ou même sculptés, d’une richesse et d’une finesse exceptionnelles ; des ouvrages de broderie d’art dans laquelle les Ursulines étaient réputées.
Éduquer et évangéliser
L’École des Ursulines de Québec offre toujours un enseignement de niveau primaire pour garçons et filles (mais non mixte), témoignant d’un engagement de presque quatre siècles en éducation.
Les premières ursulines : Marie de l’Incarnation, Marie de Saint-Joseph et Cécile de Sainte-Croix arrivent dans la colonie le 1er août 1639 en compagnie de Marie-Madeleine de la Peltrie, mécène et amie de la congrégation. Ces pionnières entreprennent aussitôt leur mission d’éducation et d’évangélisation auprès des jeunes filles amérindiennes et françaises. Lecture, écriture et calcul, ainsi que broderie, dorure, peinture et musique sont au programme, en plus du catéchisme. À l’arrivée des Ursulines, Québec est une bourgade d’environ 200 habitants d’origine française. Les Autochtones sont plus nombreux, mais seulement de passage, car des nations nomades de chasseurs-cueilleurs fréquentent la région. Dès les années 1670 cependant, les élèves des Ursulines sont, en grande majorité, françaises.
Le cursus éducatif suivra par la suite l’évolution de la société. Après la Conquête de la Nouvelle-France, en 1760, les Ursulines commencent à accueillir les filles des administrateurs britanniques qui considèrent important d’apprendre le français, qui est alors une grande langue internationale. Au cours du 19e siècle, les sœurs ajoutent au programme l’enseignement de l’histoire, de la géographie, de l’histoire naturelle et des langues étrangères, puis de la sténographie, dactylographie et télégraphie. Dès 1857, l’école normale des Ursulines se révèle une véritable pépinière pour les enseignantes du Québec. L’affiliation à l’Université Laval en 1912 favorise l’ajout des sciences pures et des mathématiques au cursus scolaire. Enfin, le cours classique est offert aux filles en 1937.
La mise en valeur muséale
La première mise en valeur du patrimoine des Ursulines remonte à 1936, avec la création d’un petit musée présentant l’origine de la congrégation, ses valeurs religieuses et l’histoire des fondatrices. Par la suite, il devient un musée-archives. En 1979, le Musée des Ursulines devient le premier musée de communauté religieuse accrédité dans la province de Québec. Il met dès lors en valeur l’impressionnante collection constituée d’œuvres d’art, vaisselle, broderies, objets de la vie quotidienne, artisanat amérindien, estampes religieuses, instruments de musique, spécimens de sciences naturelles et instruments d’astronomie. Le Musée renouvelle son concept et ses expositions en 2011.