Le monastère des Augustines, valoriser et transmettre le patrimoine
Le Monastère-des-Augustines-de-l’Hôtel-Dieu-de-Québec, récemment restauré et réaménagé, représente un important héritage matériel et immatériel remontant au Régime français, d’ailleurs classé par le ministère de la Culture et des Communications du Québec. Conformément à la vocation des Augustines, cette première structure hospitalière au Canada abrite désormais un Centre de ressourcement pour personnes soignantes et un Service d’hébergement destiné aux aidants naturels et aux visiteurs. On y offre une gamme complète de services axés sur la santé physique et spirituelle. Les riches collections des Augustines y sont également exposées. Cette réussite dans la préservation et la transmission du patrimoine a remporté le prix Thomas-Baillargé de l’Ordre des architectes du Québec, alors que le National Geographic Traveler a qualifié l’établissement de « meilleure expérience touristique de ressourcement au monde » en 2016.
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Se ressourcer au monastère
Les importants travaux de restauration et rénovation ont permis de convertir une importante partie du bâtiment ancien en un complexe dédié à la santé et au mieux-être, dans le prolongement de la mission de soignantes des Augustines. Les nombreuses activités qui y sont proposées s’adressent à toute personne qui veut vivre une expérience de ressourcement en milieu patrimonial, ainsi qu’aux aidants naturels et au personnel soignant qui ont besoin d’une période de repos. Ces activités comprennent des ateliers de Tai Chi, de Qi Gong ou de pleine conscience, des formations en herboristerie, des cours d’initiation à la broderie, des exercices de respiration, des séances de yoga et des conférences variées, par exemple sur la transition à la retraite ou l’accompagnement des malades en fin de vie. Le monastère présente aussi des concerts d’instruments inhabituels tels bols tibétains, hand pan ou harpes de cristal, qui favorisent l’intériorité. Des massages, des traitements de réflexologie et des conseils en alimentation santé sont également offerts.
Quant au restaurant du monastère, il met en valeur des produits frais et locaux, souvent biologiques. Les mets qui y sont proposés combinent les vertus curatives reconnues par la tradition et les recherches récentes en nutrithérapie. Parmi la soixantaine de chambres, certaines ont conservé l’esprit monastique d’origine, alors que d’autres présentent une allure plus contemporaine.
Les collections et le musée
En l’an 2000, lorsque les Augustines ont entrepris la transmission de leur héritage, elles ont centralisé à Québec les collections des douze monastères qu’elles occupaient à travers la province et en ont fait l’inventaire. Ces collections variées comptent 24 000 objets, dont 500 remontent au Régime français. Une partie de ces objets compose la collection des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec qui est classée objet patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications du Québec. Plusieurs éléments de ces collections sont exposés au monastère de Québec.
L’exposition permanente porte principalement sur la mission des Augustines – le soin du corps et de l’âme – et sur leur histoire. Elle éclaire leur engagement spirituel et social à travers les époques : comment prenaient-elles soin des malades tout en menant une vie communautaire de prière et de recueillement, dans une recherche d’équilibre entre l’action et la contemplation ? Des contenus plus pointus, disséminés dans le monastère, illustrent d’autres aspects de l’œuvre séculaire des Augustines, notamment l’évolution de la médecine au Québec.
Soigner les corps et les âmes
L’aventure des Augustines en terre d’Amérique commence le 1er août 1639 lorsque trois jeunes Françaises débarquent sur la grève de Québec pour établir un hôpital et soigner les Autochtones et les colons. Premier hôpital en Amérique du Nord, L’Hôtel-Dieu de Québec devient le lieu de travail et de vie des religieuses.
Témoignant de l’importance croissante de L’Hôtel-Dieu et du monastère, la communauté construit des ailes supplémentaires en 1695 et 1755 pour loger davantage de sœurs et de malades. Au Régime français, elles ouvrent aussi l’Hôpital général de Québec, à la basse ville. Puis, à compter de 1873, elles mettent sur pied un réseau de 10 autres monastères-hôpitaux à travers la province, œuvrant comme gestionnaires, infirmières et pharmaciennes. Elles jettent ainsi les bases du système de santé du Québec.
Après plus de 300 ans de dévouement, les Augustines cèdent L’Hôtel-Dieu de Québec au gouvernement en 1962, dans la foulée des réformes laïques de la santé et de l’éducation. Dans les décennies suivantes, la communauté fait face à une diminution massive de ses effectifs, au point qu’en l’an 2000, les Augustines entreprennent une importante réflexion sur le transfert de leurs biens et la reconversion de leur monastère de Québec. Une fois de plus, on peut dire qu’elles ont accompli leur mission avec brio.