Le cœur en fête à la baie Sainte-Marie et au Festival acadien de Clare

La communauté acadienne de langue maternelle française de la baie Sainte-Marie est la plus nombreuse de la Nouvelle-Écosse. Elle compte 5020 personnes (selon le recensement de 2016) qui célèbrent leur langue, leur patrimoine et leur culture depuis 1955 lors du Festival acadien de Clare, le plus ancien festival de la sorte en Acadie. Pendant une semaine, au début du mois d’août, les villages situés entre Saint-Bernard et Rivière-aux-Saumons accueillent des milliers de visiteurs qui assistent aux spectacles musicaux et aux défilés, dansent, chantent, dégustent des mets traditionnels acadiens et des fruits de mer, tout en rencontrant les chaleureux Acadiens. Ces célébrations se terminent bien entendu par un grand tintamarre le jour de la fête nationale acadienne, le 15 août. En plus du festival, plusieurs activités animent la région tout au cours de l’été, mettant en vedette les talentueux artistes locaux.

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Se rassembler pour célébrer son identité

Le Festival acadien de Clare se déroule principalement dans des villages distants d’une vingtaine de kilomètres le long de la route 1. Au total, six villages participent à la fête : Saint-Bernard, Pointe-de-l’Église (Church Point), Saulnierville, Meteghan, Mavillette et Rivière-aux-Saumons (Salmon River). C’est dans ce couloir de 50 kilomètres que vivent la plupart des descendants des Acadiens qui sont venus s’établir dans la région après la Déportation. Ils y ont reformé une communauté fière et solidaire qui perpétue contre vents et marées ses traditions, tout en construisant son avenir.

Le Festival acadien de Clare est une occasion privilégiée d’entretenir dans la joie les racines qui unissent ces Acadiens et d’y puiser l’énergie nécessaire à leur développement. L’événement propose une gamme d’activités réparties sur une semaine : grand défilé d’ouverture avec personnages emblématiques, soupers-théâtre, nombreuses prestations musicales, bazar avec dégustation culinaire et kiosques d’art et d’artisanat, concours de mets traditionnels, contes et conférences, pique-niques communautaires, soirées dansantes et animation pour enfants. À cette programmation s’ajoute le grand spectacle de la fête nationale du 15 août, précédé du tintamarre qui a lieu en partie en voiture, pour que tous les participants convergent à Pointe-de-l’Église à partir de Saint-Bernard et de Rivières-aux-Saumons, puis à pied de l’église Sainte-Marie, la plus grande église en bois en Amérique du Nord, jusqu’au campus de l’Université Sainte-Anne où se déroule le spectacle.

Séjourner à la baie Sainte-Marie

En se rendant au Rendez-vous de la Baie situé sur le campus de l’Université Sainte-Anne, les visiteurs peuvent planifier leur séjour, que ce soit pendant le festival ou à d’autres moments de l’été. Ils y trouvent un kiosque d’information touristique, un café, un centre d’interprétation qui présente la culture acadienne de la baie Sainte-Marie et une galerie d’art, Le Trécarré, exposant des œuvres d’artistes locaux. D’autres artistes présentent leurs œuvres dans la sacristie de l’impressionnante église en pierre de Saint-Bernard. La programmation La Musique de la Baie permet aux talentueux musiciens locaux de jouer en plein air ou dans des restaurants de l’Anse-des-Belliveau, de Mavillette et de Saulnierville. Des sentiers de randonnée pédestre partent du phare du cap Sainte-Marie, longent la mer à l’Anse-des-Belliveau ou plongent dans un pan de l’histoire du collège Sainte-Anne, qui est à l’origine de l’Université Sainte-Anne. Des plages et des activités nautiques sont aussi au rendez-vous.

S’établir et prospérer à la baie Sainte-Marie après la Déportation

À partir de 1755, les Britanniques déportent 11 000 Acadiens ; environ 1600 demeurent en Acadie et d’autres se réfugient en Nouvelle-France (le Québec actuel). En 1764, les Britanniques les autorisent à s’établir de nouveau en Nouvelle-Écosse, mais pas sur les terres qu’ils occupaient. Les Acadiens dépossédés doivent repartir à zéro. Plusieurs choisissent la baie Sainte-Marie pour recommencer leur vie. Le tiers de la cinquantaine de familles pionnières vient du Massachusetts où elles ont été déportées. Les autres s’étaient réfugiées ici et là en Acadie. La moitié de ces familles sont originaires de Port-Royal, lieu de naissance de l’Acadie, situé à une soixantaine de kilomètres plus à l’est. Elles reçoivent des terres à Grosses Coques et à Pointe-de-l’Église en 1769. D’autres familles de leur connaissance les rejoignent. Puis plusieurs de leurs enfants et petits-enfants s’établissent plus à l’ouest, de Meteghan jusqu’à Rivière-aux-Saumons.

Ces pionniers acadiens d’après la Déportation en arrachent. Leurs nouvelles terres ne sont guère fertiles. En plus de pratiquer une agriculture de subsistance, ils exploitent la forêt, se font pêcheurs, marins, constructeurs de barques et de navires, et commerçants. Les Eudistes venus de France fondent le collège Sainte-Anne en 1890 et stimulent le développement de cette communauté francophone par l’éducation et la création d’organismes religieux. À force de travail et de débrouillardise, au milieu du 20e siècle, les milliers d’Acadiens de la baie Sainte-Marie exorcisent leurs épreuves passées et commencent à célébrer leurs succès, leur capacité à reprendre leur destin en main. Ils se rassemblent dans la joie pour fêter le bicentenaire de la Déportation de 1755 et, l’année suivante, créent le Festival acadien de Clare. Par le biais de cet événement festif, les Acadiens de la baie Sainte-Marie perpétuent, enrichissent et célèbrent le patrimoine culturel acadien.

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