Citadelle de Québec, quartier général du Royal 22e Régiment, un lieu patrimonial unique
La Citadelle de Québec, construite entre 1820 et 1831, est la seule forteresse historique encore active militairement en Amérique du Nord. Elle est aussi le plus grand ouvrage militaire de ce type sur le continent. Elle sert de quartier général au seul régiment d’infanterie francophone de la force régulière des Forces armées canadiennes, le Royal 22e Régiment. Elle est la seule base militaire canadienne ouverte aux visiteurs et certainement la seule où le bouc Batisse, la mascotte du Régiment, assiste à la relève des soldats qui font la garde, vêtus de leur tenue régimentaire de cérémonie rouge écarlate et de leur gros bonnet à poils d’ours, en compagnie des officiers, au son de la musique militaire, sous les yeux ravis du public. Cette tradition est l’une des nombreuses qui font de ce lieu historique national du Canada un joyau du patrimoine militaire canadien, toujours vivant et apprécié des nombreux visiteurs.
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Le Royal 22e Régiment d’infanterie
Au début de la Première Guerre mondiale, le commandement militaire canadien accepte de regrouper les Canadiens français au sein d’une même unité pour qu’ils puissent servir le pays dans leur langue. En octobre 1914, il crée l’unité entièrement francophone du 22e Bataillon canadien-français qui combat tout au long de la guerre sur différents terrains. Ce bataillon s’illustre à plusieurs reprises et gagne dans des conditions difficiles ses titres de noblesse. Après sa dissolution, en 1919, il est reformé l’année suivante sous le nom de 22e Régiment, puis, en 1921, le roi d’Angleterre Georges V lui ajoute l’adjectif « Royal » en reconnaissance des faits d’armes accomplis durant la Grande Guerre.
Le Royal 22e Régiment (R22eR) s’illustre de nouveau pendant la Seconde Guerre mondiale, durant la guerre de Corée et sur divers théâtres d’opérations comme force de maintien de la paix ou comme unité de combat, notamment à Chypre, en ex-Yougoslavie et en Afghanistan.Cette longue feuille de route a solidement ancré certaines traditions et créé un important patrimoine qui s’ajoute à celui de la Citadelle de Québec, le quartier général du R22eR depuis 1920.
Je me souviens
La devise du R22eR est la même que celle de la province de Québec : Je me souviens. Elle signifie pour les soldats et officiers du Régiment qu’ils doivent se souvenir du passé et avoir confiance en l’avenir. Elle leur enjoint de se familiariser avec l’histoire, les symboles, les traditions et l’organisation régimentaire pour en perpétuer les traditions. La plus émouvante est sans doute celle du livre souvenir dans lequel tous les noms des hommes et des femmes du R22eR qui sont morts en service sont inscrits. Chaque jour, le sergent de service tourne une page de ce livre et lit à haute voix chacun des noms qui s’y trouvent. Chaque soldat en devoir est également tenu de faire le salut militaire en signe de respect lorsqu’il passe devant la croix de bois qui avait été plantée sur la crête de Vimy, en France, en avril 1917, après une longue bataille meurtrière.
La relève de la garde est la tradition du R22eR la plus connue. Cette cérémonie inspirée de la relève de la garde au palais de Buckingham, à Londres, se déroule devant public depuis 1928 (sauf pendant la Deuxième Guerre mondiale), tous les jours de l’été, au centre du terrain de parade de la Citadelle. La présence du bouc Batisse, ainsi nommé en 1955, provient elle aussi d’une tradition britannique. L’origine remonterait à un cadeau fait par le shah de Perse à la reine Victoria en 1884. Elle aurait ordonné que le couple de boucs offert par le shah devienne la mascotte de son régiment. Le transfert de cette tradition au R22eR s’est opéré lorsque celui-ci a été jumelé au Royal Welche Fusiliers de l’armée britannique à la fin des années 1920.
Les visiteurs peuvent découvrir nombre d’autres symboles du Régiment, comme son drapeau et son insigne (représentant un castor), ses armes et ses uniformes, ou les médailles attribuées à ses membres, dans le Musée Royal 22e Régiment situé dans la Citadelle. Ouvert depuis 1950, ce musée a été rénové et agrandi en 2015 et ses expositions, entièrement renouvelées.
La Citadelle de Québec
Construite par les Britanniques sur le modèle des fortifications conçues par le célèbre ingénieur français Sébastien Le Prestre de Vauban, la Citadelle de Québec se compose d’une enceinte de pierre en forme d’étoile munie de quatre bastions. Avec ses casernes, ses hangars, ses poudrières, son armurerie et même son hôpital, elle aurait été autosuffisante en cas de siège, mais elle n’a jamais été attaquée. Sa situation et son ampleur lui ont valu le surnom de Gibraltar des Amériques. La Citadelle est située au sommet du cap Diamant, qui domine la ville et le fleuve Saint-Laurent. Les Français avaient déjà aménagé des bastions à cet endroit hautement stratégique. C’est pourquoi deux bâtiments de la Citadelle remontent au Régime français : la redoute du cap Diamant et la poudrière, construites respectivement en 1693 et 1750.