La Route touristique Champlain de l’Ontario : sur les pas du père de la Nouvelle-France
À la recherche d’un passage vers l’ouest pour commercer avec la Chine, de nombreux explorateurs français — Nicollet, Radisson et Des Groseillers, La Vérendrye père et fils — ont traversé la province actuelle de l’Ontario. Leur éclaireur, le « premier » Européen à avoir franchi et décrit ce territoire n’est nul autre que le père de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain. En 1615-1616, il a parcouru une partie de ce qui deviendra l’Ontario et il y a séjourné pendant dix mois. Aujourd’hui, une route touristique de 1200 km met en valeur ce parcours fondateur et les 400 ans de présence francophone qui ont suivi : la Route touristique Champlain de l’Ontario. Emprunter cette Route, c’est suivre les traces du célèbre explorateur, cartographe et diplomate, découvrir les Franco-Ontariens, vivre des aventures en plein air dans des décors vierges, lever le voile sur le patrimoine et l’histoire du Canada et goûter aux produits du terroir. Voici quelques exemples des attractions que cette Route propose aux visiteurs.
Pour en savoir plus…
Suivre les traces de Champlain
Suivre la Route touristique Champlain de l’Ontario, c’est sortir des sentiers battus, un peu comme l’a fait Samuel de Champlain. Le parcours évite les grands corridors touristiques et c’en est l’une des forces : la découverte est continue. Ottawa est un jalon important, certes, mais les cours d’eau longés, qu’ils soient impétueux, grand ouverts ou tranquilles, mènent à des espaces imprenables et des villages où la langue française reste vivante. Dans l’esprit de cette route, moult lieux de mémoire rappellent qu’un jour, avec l’aide de leurs alliés autochtones, des Européens se sont avancés dans des terres qui leur étaient encore inconnues.
Mais bien plus qu’un trajet qui dirige d’une plaque historique à l’autre, la Route invite à vivre des expériences qui évoquent l’intrépidité des explorateurs français. Une embarcation gonflable affronte les mêmes rapides que Champlain. Les portages, devenus sentiers, permettent de fouler ses pas. Les musées et les villages reconstitués rappellent comment vivaient les Autochtones et les ancêtres français.
Vivre des aventures en plein air dans des décors quasi inchangés
Lors de son séjour dans ces pays d’en haut, Champlain a emprunté la rivière des Outaouais, la rivière Mattawa, le lac Nipissing, la rivière des Français, la baie Georgienne, le lac Couchiching, la voie navigable Trent-Severn…
Depuis son passage, l’exploitation des richesses naturelles et l’étalement géographique ont modifié le territoire. Les barrages ont inondé rives et rapides, la forêt a fait place à des champs et des villages, et des quais sont apparus. Mais une imposante quantité de lieux ont à peine changé depuis 400 ans.
C’est le cas de la portion nord de la Route. Champlain, qui caressait le rêve de créer une Nouvelle-France, n’y a « point vu dix arpents de terre labourable, sinon rochers, et pays aucunement montagneux ». Aujourd’hui, pour ces mêmes raisons, les canoteurs fréquentent abondamment la rivière des Français aux berges rocheuses et sauvages, qui se jette en dédale dans la baie Georgienne, à découvrir en kayak ou à vol d’oiseau, en hydravion.
Entre le tronçon de la route transcanadienne qui part de Toronto et la rivière des Français se trouve une attraction phare de la Route touristique Champlain : le Centre d’interprétation du parc provincial de la Rivière-des-Français. À l’extérieur du superbe centre, ouvert en 2006 et lauréat de nombreux prix d’architecture, trois plaques historiques donnent le ton en soulignant l’importance de la rivière pour les Premières Nations, les explorateurs et les commerçants de fourrure. L’exposition Les voix de la rivière approfondit ces thèmes. À partir du Centre, le sentier des chutes Récollet mène au bout de quatre kilomètres à une gorge de la rivière. En juillet, la tête du sentier devient lieu de rassemblement pour les Premières Nations dans le cadre d’un pow-wow annuel ou d’ateliers auxquels le grand public peut participer.
Découvrir 400 ans de présence francophone : Parc Rotary Champlain Wendat
À maints endroits où Champlain est passé, on trouve des noyaux de francophones. Aujourd’hui, ils sont entre 500 000 et 600 000 Franco-Ontariens répartis un peu partout dans la province, entre autres le long de la Route touristique Champlain, dans l’Est ontarien, sur les rives du lac Nipissing et au sud de la baie Georgienne, ancien territoire huron-wendat. Ici, tout évoque le passage de Champlain et des missionnaires qui l’ont suivi : le paysage, les sentiers qui traversent les vallées onduleuses, les villages reconstitués Huronia et Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, les résidents francophones…
En 2015, un parc commémoratif a été aménagé pour souligner le 400e anniversaire de l’arrivée du père de la Nouvelle-France dans le bassin sud de la baie de Penetang. À quelques pas des rives, l’œuvre La Rencontre place le chef wendat Aenon et Champlain à pied d’égalité. Avec l’immense astrolabe, c’est l’élément marquant du parc. Des bustes de personnages influents de la région, qu’ils soient autochtones, français ou britanniques, bordent les sentiers de ce parc riverain.
Partir à la recherche de lieux de mémoire
D’autres monuments de Champlain veillent depuis une centaine d’années sur la rivière des Outaouais, à Ottawa, et sur le lac Couchiching, à Orillia. Aussi, de nombreuses plaques historiques soulignent à divers endroits le passage du père de la Nouvelle-France. Entre deux visites d’attractions, les touristes peuvent partir à la conquête de ces plaques et des musées thématiques qui les mettent en perspective : le musée de la piste Champlain de Pembroke, par exemple, où Champlain aurait perdu son astrolabe, le musée Sturgeon River House de Nipissing Ouest, aménagé sur les lieux d’un ancien poste de traite, ou encore le musée canadien du canot de Peterborough.
Une route hommage
Contrairement à bien d’autres aventuriers, Champlain a laissé des descriptions précises de ses voyages, dont celui de 1615-1616 en territoire huron-wendat. Depuis son séjour et celui de son intermédiaire Étienne Brûlé, souvent considéré comme le premier Franco-Ontarien, la présence française a été continue en Ontario. La Route touristique Champlain se veut un hommage à cette histoire quatre fois centenaire. Elle est l’occasion d’explorer cette portion du territoire canadien en bateau de croisière, en raft, en kayak ou en ponton, à pied, en vélo ou en quad. Et comme Champlain a aussi fondé l’Ordre de Bon temps, le premier « club gastronomique » au Canada, la Route est aussi l’occasion de profiter des bonnes tables et de goûter aux nombreux produits du terroir disponibles le long de la Route.