Lieu historique national de Castle Hill-Plaisance : une vue imprenable sur l’histoire !
Castle Hill est situé au sommet d’une haute colline d’où le visiteur a une vue spectaculaire sur la baie et la ville de Placentia. Ce site de Parcs Canada souligne la rivalité franco-britannique pour la possession de Terre-Neuve à travers les vestiges du fort Royal, qui protégeait la colonie française de Plaisance, fondée en 1662. Plaisance servait à approvisionner et à encourager les pêcheurs de morue français qui fréquentaient les Grands Bancs et les côtes de Terre-Neuve depuis le 16esiècle. Le fort a résisté à trois attaques ennemies avant d’être cédé aux Britanniques par traité, avec toute l’île de Terre-Neuve, en 1713. Ceux-ci le renomment Castle Hill et l’utilisent jusqu’en 1811.
Pour en savoir plus…
Un site d’interprétation animé
À partir d’artéfacts mis au jour sur le site, les expositions du centre d’accueil révèlent une foule d’informations sur la vie quotidienne des habitants français qui demeuraient ou qui étaient de passage à Plaisance dans la seconde moitié du 17esiècle. Les sentiers de randonnée mènent, comme autrefois, aux vestiges du fort Royal-Castle Hill, qui domine la baie. En circulant à travers les terrassements et les murs de pierres qui entouraient les batteries d’artillerie, les visiteurs jouissent, comme les militaires de l’époque, d’une vue panoramique sur les environs. Des activités d’interprétation en plein air montrent comment dresser une tente ou allumer un feu. Des animateurs personnifient des pêcheurs, des marchands, des soldats et des gouverneurs coloniaux. Les visiteurs plongent ainsi dans l’histoire. Ils peuvent aussi opter pour une visite autonome, guidés par une application mobile.
Un lieu convoité pour la pêche
Dès le milieu du 16esiècle, environ 500 navires français, espagnols, anglais, portugais et basques viennent pêcher la morue dans les eaux poissonneuses des Grands Bancs et des côtes de Terre-Neuve chaque année. Les pêcheurs préparent et sèchent ensuite la morue dans de petits campements établis sur la terre ferme, avant de revenir en Europe. La France fonde la colonie de Plaisance pour protéger ses intérêts face aux pêcheurs anglais établis à St. John’s. Bien que les relations entre les pêcheurs français et anglais soient en général pacifiques, les escarmouches sont nombreuses en temps de guerre. Et les guerres entre ces deux grandes puissances rivales sont fréquentes.
L’emplacement de Plaisance est très avantageux : outre le promontoire stratégique qui permet de défendre efficacement l’endroit, la baie de Plaisance est libre de glaces tôt au printemps. Elle permet donc une reprise hâtive de la navigation et confère un avantage concurrentiel aux pêcheurs français.
La période de forte présence française
Entre 1678 et 1688, au plus fort de la présence française dans la région, quelque 20 000 pêcheurs sont actifs entre mai et septembre sur les Grands Bancs et les côtes de Terre-Neuve. Mais la grande majorité de ces Français ne réside pas en permanence à Plaisance, ni ailleurs à Terre-Neuve. La population permanente ne dépasse pas 700 personnes, incluant les religieux et les militaires. Le tiers d’entre elles demeure à Plaisance ; les autres sont dispersées dans les petits villages côtiers comme Baie-Fortune, Cap-Nègre, Grand-Banc, Havre-Bertrand, Petit-Plaisance, L’Hermitage ou Pointe-Verte.
Le traité d’Utrecht et la période anglaise
Le fort Royal, construit entre 1693 et 1703, remplit son rôle défensif pendant plusieurs années. Il permet aux Français de conserver Plaisance en résistant aux assauts des Britanniques, qui veulent devenir les seuls maîtres à Terre-Neuve. Mais au terme de la guerre de la Succession d’Espagne, qui se termine au désavantage de la France, celle-ci doit se départir de plusieurs colonies. Par le traité d’Utrecht, en 1713, la France cède aux Britanniques tous ses établissements terre-neuviens, incluant Plaisance, ainsi que l’Acadie et la baie d’Hudson. Plaisance devient alors Placentia et le fort Royal est rebaptisé Castle Hill. Quelques colons français se font sujets britanniques et les autres regagnent la France ou s’établissent à l’île Royale (aujourd’hui île du Cap-Breton).
Par le traité d’Utrecht, la France obtient cependant que ses pêcheurs maintiennent le droit de débarquer sur les côtes de Terre-Neuve pour y faire sécher leur poisson, sans pouvoir s’y établir à demeure. C’est entre autres pourquoi le fait français est encore présent à Terre-Neuve aujourd’hui.