Maison Riel dans Saint-Vital, se souvenir des Métis et de leur meneur Louis Riel
La Maison Riel située dans Saint-Vital, un quartier sud de la ville de Winnipeg, a été déclarée lieu historique national en 1976. Ce site animé par l’Institut Louis-Riel souligne l’importance historique de Louis Riel comme chef des Métis de la rivière Rouge et cofondateur de la province du Manitoba. On y renseigne également les visiteurs sur la culture et l’histoire du peuple métis. Même si Louis Riel n’a pas habité cette maison construite en 1864 par ses frères, plusieurs membres de sa famille y vivaient lorsqu’il a été condamné et exécuté pour sa participation à la Rébellion métisse du Nord-Ouest, à Batoche, en 1885. C’est pourquoi il y a été exposé pendant deux jours avant d’être enterré dans le cimetière de la cathédrale de Saint-Boniface. Cette maison restaurée, meublée et décorée comme en l’an 1886, six mois après la mort de Louis Riel, est un important lieu de mémoire métis.
Pour en savoir plus…
Rendre hommage au chef métis Louis Riel
Louis Riel est le Canadien sur lequel on a le plus écrit. Cet homme complexe et charismatique est aussi l’un des personnages les plus controversés de l’histoire canadienne, sans doute parce qu’il a été jugé, condamné et exécuté de façon expéditive – injuste disent plusieurs – après avoir joué un rôle politique de premier plan. Aujourd’hui réhabilité, son rôle de cofondateur de la province du Manitoba est officiellement reconnu. La vision du Canada inclusif et tolérant qu’il défendait en 1870, lorsque le Manitoba s’est joint à la Confédération canadienne, reposait sur la réalité du territoire manitobain où se côtoyaient des Canadiens d’origine française et britannique, des Métis francophones et anglophones et diverses Premières Nations. Sa conception perçue aujourd’hui comme enrichissante était avant-gardiste en son temps et n’a pas été retenue. Forcé de s’exiler aux États-Unis au milieu des années 1870, même s’il était élu au Manitoba pour représenter les siens au Parlement du Canada, Louis Riel n’est revenu au Canada qu’en 1884 pour participer au soulèvement des Métis qui s’étaient déplacés dans la province actuelle de la Saskatchewan, dans l’espoir de maintenir leurs droits et leur mode de vie devant un gouvernement canadien intraitable. Louis Riel a payé de sa vie cet acte d’affirmation et de révolte. C’est l’histoire du peuple métis et de son grand meneur, Louis Riel, que les guides-animateurs résument à la Maison Riel.
Une maison métisse typique
Plus de 800 meubles et objets utilitaires et décoratifs occupent l’espace somme toute réduit de cette maison construite selon la technique de poteau sur sole, dite de la rivière Rouge, développée en Nouvelle-France. Ces artefacts illustrent la culture métisse de l’époque, à la croisée des cultures européennes et autochtones, à la frontière des traditions et de la modernité. S’y côtoient des berceaux d’origine européenne et des hamacs amérindiens pour y coucher les bébés, ainsi que des objets manufacturés tels un poêle, des miroirs et des horloges, et des objets domestiques comme des chaises tressées localement en babiche (lanières de cuir) et des vêtements tissés à la main.
Bien que cette maison soit plus grande que la moyenne des résidences métisses – elle comprend une chambre individuelle, un second étage et une cuisine d’été – parce que la famille Riel faisait partie de l’élite de la communauté, elle est néanmoins un bon exemple du mode de vie des familles métisses à la fin du 19e siècle au Manitoba, lorsque la chasse au bison et le commerce des fourrures sont remplacés par l’agriculture. L’effondrement des populations de bison et l’arrivée du chemin de fer ont entraîné la disparition de certains traits culturels fortement identifiés aux Métis dans les décennies précédentes, comme la fabrication et la vente du pemmican (viande de bison séchée mélangée à de la graisse de bison) et le transport de marchandises de traite en charrettes tirées par des chevaux.
La Maison Riel était située sur une terre agricole longue et étroite, un « lot de rivière » divisé selon la tradition française, avec accès aux rivières Rouge et la Seine à chaque extrémité. Dans une partie de la terre, le sol était très fertile et propice à l’agriculture, une autre section était laissée en prairie pour y faire paître le bétail. La présence d’un très grand jardin potager aux côtés de la Maison Riel souligne de façon éloquente l’importance des pratiques agricoles des familles métisses à la fin du 19e siècle.
Louis Riel, sa famille et ses descendants
Après le décès de Louis Riel père, en janvier 1864, ses fils construisent la Maison Riel. Leur mère, Julie Lagimodière-Riel, y habite avec certains de ses enfants. Louis Riel fils, dont le gouvernement du Canada a ordonné l’exil de 1875 à 1880, ne passe que quelques jours dans cette maison durant l’été 1883 pour assister au mariage de l’une de ses sœurs. Après sa participation à la Rébellion du Nord-Ouest, à Batoche, à l’automne 1885, à la demande de Gabriel Dumont qui était allé le chercher aux États-Unis, les Forces armées canadiennes le capturent. Il subit son procès, il est condamné à mort et pendu pour haute trahison à Regina le 16 novembre 1885, à l’âge de 41 ans. Son corps est ensuite transporté dans sa ville natale et exposé dans la résidence familiale de Saint-Vital (dans la Maison Riel) pendant deux jours en décembre 1885, avant d’être enterré à Saint-Boniface. Douze personnes vivent alors dans cette maison : sa mère, ses deux plus jeunes frères, leurs épouses et leurs enfants, et la femme de Louis Riel, Marguerite Monet-Belhumeur, une jeune Métisse qu’il a mariée aux États-Unis, ainsi que leurs deux enfants. Les descendants de la famille Riel vivront dans cette maison jusqu’à son acquisition par le gouvernement du Canada en 1969.
riel.info@pc.gc.ca