Maillardville : les pionniers francophones du grand Vancouver et le Festival du Bois

Nichée sur les berges du fleuve Fraser, la communauté de Maillardville naît de l’arrivée de centaines de Canadiens français venus travailler dans l’industrie du bois au début du 20e siècle. Ces travailleurs et leurs familles perpétuent la culture et la langue françaises dans la région de Vancouver pendant des décennies, au point de l’y enraciner. Même si peu de francophones habitent encore Maillardville, devenu un quartier de la ville de Coquitlam, en banlieue de Vancouver, les pratiques culturelles du patrimoine immatériel francophone y sont encore très vivantes, en particulier lors de l’important Festival du Bois qui procure continuité et identité à la communauté. Le « carré Héritage » rassemble des éléments du patrimoine bâti. Maillardville demeure un îlot francophone dans la grande région de Vancouver.

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Le cœur francophone continue de battre

Le patrimoine francophone est inscrit dans le nom des rues de Maillardville, dans le circuit touristique centré sur l’église Notre-Dame-de-Lourdes et les maisons patrimoniales qui l’entourent. Le « carré héritage » comprend en outre le centre culturel Place des Arts, l’ancienne gare de Fraser Mills convertie en musée ferroviaire et le Musée Mackin qui présente une exposition consacrée à la vie quotidienne de la population de Maillardville de 1909 à 1960. Des panneaux d’interprétation répartis dans le quartier identifient les lieux et les événements reliés à la communauté canadienne-française qui a fondé ce village et en a constitué la majorité des habitants pendant un demi-siècle.

Le Festival du bois : expression du patrimoine culturel immatériel francophone

L’influence francophone se manifeste avec vigueur à Maillardville par l’entremise de la Société francophone de Maillardville, qui organise l’un des plus importants événements francophones de l’Ouest canadien, le Festival du Bois, qui mobilise et attire chaque année des milliers de francophones et de francophiles du grand Vancouver.

Ce festival commémore les pratiques des bûcherons canadiens-français et célèbre la culture canadienne-française. Pendant trois jours, les visiteurs participent aux concerts, aux veillées traditionnelles et se régalent des mets typiques du temps des sucres qui perpétuent des recettes et des savoir-faire dans une ambiance chaleureuse propre aux francophones du Canada. Le milieu associatif francophone et celui des artisans et créateurs en arts visuels de la région exposent leurs œuvres et leurs services. Plus de 15 000 francophones et francophiles participent au Festival du Bois chaque année. Les arts du spectacle (danse, musique, théâtre) reflètent la créativité et racontent l’histoire de la communauté. Ces pratiques sociales et expressions culturelles qui évoluent à chaque génération renforcent le sentiment d’appartenance, inscrivent la communauté dans la continuité et forgent l’identité.

Naissance et essor du village

La présence francophone en Colombie-Britannique remonte au 18e siècle, lorsque les commerçants et les explorateurs de la traite des fourrures traversent les Rocheuses et atteignent l’océan Pacifique. Au 19e siècle, les premières institutions religieuses catholiques francophones s’établissent à Victoria. Mais la première communauté canadienne-française d’importance naît sur la côte ouest en 1909 à Maillardville.

Le savoir-faire des Canadiens français en coupe et en sciage du bois incite la Fraser River Lumber Company à recruter cette année-là des ouvriers au Québec et en Ontario pour travailler dans ses chantiers de la vallée du fleuve Fraser. Plus de 200 travailleurs canadiens-français arrivent en train à Fraser Mills avec femmes et enfants. Ils y construisent des maisons, une école et une église. En quelques années, la dense forêt fait place à un village prospère de plus de 500 habitants avec commerces, couvent, bureau de poste et service de police et de pompiers, qu’on nomme Maillardville en l’honneur du père oblat Edmond Maillard, originaire de France, le premier curé de la paroisse.

Durant la Grande Dépression des années 1930, la lutte des travailleurs pour conserver leur emploi et maintenir leurs salaires consolide la solidarité des habitants de Maillardville. Plusieurs Canadiens français des Prairies, notamment de Willow Bunch en Saskatchewan et de Saint-Boniface au Manitoba, viennent s’y installer dans l’espoir d’y trouver de meilleures conditions de vie. Cette vague migratoire accroît la population au point qu’en 1946, on fonde une seconde paroisse catholique avec une église et une école, ainsi qu’une caisse populaire.

Préserver l’héritage francophone

Maillardville a longtemps été la plus grande communauté francophone à l’ouest des Rocheuses. Mais dans le dernier tiers du 20e siècle, sa population francophone a diminué constamment. Plusieurs organismes maintiennent aujourd’hui une présence française minoritaire, tels la Société francophone de Maillardville, l’Association des Scouts francophones de Maillardville, le Centre Bel-Âge, le Foyer Maillard, la chorale Les Échos du Pacifique et le Centre artistique et culturel de la Place des Arts. Ensemble, ils participent à la valorisation, à la documentation et à la transmission qui permettent de garder vivant le patrimoine francophone de Maillardville.

Coquitlam V3K 4T5 BC CA
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