Le 25 septembre, c’est le Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes. Partout en province, on fête la journée en hissant le drapeau vert et blanc, créé en 1975 à Sudbury. Mais déjà, à l’époque, le français était présent en Ontario depuis plus de 360 ans.
Profitons de ce 25 septembre pour faire ensemble un voyage dans le temps en visitant six lieux de l’Ontario!
Toronto : les débuts d’une Nouvelle-France
Les Autochtones empruntent pendant des millénaires la rivière Kabechenong, aujourd’hui la Humber, qui joint la baie Georgienne au lac Ontario. Au début du 17e siècle, Étienne Brûlé, envoyé par Samuel de Champlain pour se mêler aux Premiers Peuples, apprendre leurs mœurs et leur langue, a à son tour descendu la rivière du patrimoine. Celui qu’on considère aujourd’hui comme le «premier franco-ontarien» est suivi par les marchands de fourrure, menant en 1720 à la construction d’un premier poste de traite près de la rivière – ce qui est devenu aujourd’hui la pointe Baby, du nom d’un marchand français. D’autres postes apparaissent ensuite comme le fort Toronto, abandonné en 1759 par les Français en repli devant les forces britanniques.
Le long de la rivière Humber, on retrouve le parc Étienne-Brûlé et le Sentier partagé, développé par la dynamique Société d’histoire de Toronto en collaboration avec les Mississaugas de la nation New Credit. On y trouve des plaques historiques évoquant la présence autochtone et le passage d’Étienne Brûlé et de quelques explorateurs français, ainsi que la construction de deux postes de traite des fourrures à l’époque de la Nouvelle-France. Aussi, un obélisque commémoratif a été érigé là où s’élevait le fort Toronto, plus près du lac.
- À lire : les francophones aux origines de Toronto
- À vivre : la Franco-fête (septembre)
- À visiter : le Sentier partagé, les visites guidées par le biais d’Historitours et Toronto Balades
Midland : mission évangélisation
Dès leur arrivée sur le «nouveau continent», les Français cherchent à établir une Nouvelle-France – et à évangéliser les Premiers Peuples. En 1639, les jésuites installent la première mission permanente au cœur du continent dans ce qu’ils appellent la Huronie, au sud de la baie Georgienne. C’est le pied-à-terre des missionnaires, qui arpentent les villages de cette région où habitent quelque 20 000 Wendats. Le séjour sera de courte durée : ils seront capturés ou chassés (voir le Sanctuaire des Martyrs) dix ans plus tard. Pour leur part, les Hurons-Wendats seront décimés par la maladie ou repoussés par les nations ennemies.
La Route touristique Champlain de l’Ontario se rend de la rivière des Outaouais jusqu’à la baie Georgienne par la rivière Mattawa et la rivière des Français, avant de traverser vers le lac Simcoe et la chaîne des lacs Kawartha. La région où a hiverné Samuel de Champlain, le père de la Nouvelle-France, en 1615-1616, est certainement l’un des éléments centraux de ce parcours. À ce titre, la visite de la mission reconstituée de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons s’impose. Les guides-interprètes rappellent la courte histoire de l’endroit et la cohabitation entre missionnaires français et Premiers Peuples.
- À lire : Sainte-Marie, première mission française au cœur de l’Amérique
- À vivre : le Festival du loup de Lafontaine (juillet)
Windsor : le premier village
Détroit est le premier site de l’Ontario actuelle où s’installent des familles, et ce, à compter de 1701. L’établissement sert à développer le commerce des fourrures et à favoriser l’exploration de l’intérieur du continent. En 1740, une centaine de familles françaises y sont installées et 20 ans plus tard, une grande partie des quelque 160 familles habitent sur la rive sud de la rivière. Le village continue de grossir et les relations entre les Français, les Anglais et les Autochtones y sont bonnes. Les francophones demeurent majoritaires jusqu’au début des années 1800.
- À lire : Les francophones profondément enracinés à Windsor
- À visiter : la Maison François Baby, celle d’un marchand influent de la fin du 18e siècle.
Ottawa et l’Est ontarien : le développement
19e siècle : les colonies poussent vers l’ouest. Près de la rivière des Outaouais, de grands chantiers s’ouvrent. On commence à construire le canal Rideau et on bûche les forêts afin de construire des bateaux pour l’Empire britannique. Ottawa, qui a aujourd’hui la réputation d’une capitale tranquille, a d’abord été un village ouvrier peuplé de Canadiens Français et d’Irlandais. Tout autour, des villages agricoles étaient apparus il y a quelques décennies déjà.
La présence francophone est encore bien sentie dans la région d’Ottawa et de l’Est ontarien. En fait, c’est le bastion de la francophonie ontarienne. De nombreux musées permettent de découvrir la longue présence française : le musée Bytown au pied du parlement, le Muséoparc Vanier, le Musée-village du patrimoine de Cumberland, la Maison du patrimoine d’Orléans. À Orléans, aussi, une marche sur le boulevard St-Joseph permet de découvrir la vitalité francophone d’Ottawa au milieu du 20e siècle grâce à une trentaine de panneaux d’interprétation.
- À lire : Vitalité francophone à Orléans et à Prescott-Russell
- À vivre : le Festival franco-ontarien (septembre)
- À visiter : le Muséoparc Vanier et la Maison du patrimoine d’Orléans
Hearst : pour le bois
Au début du 20e siècle, le chemin de fer traverse le Nord de l’Ontario. Les Canadiens français se déplacent pour travailler dans les forêts du Nord et dans les mines. Certains espèrent même exploiter la terre – qui s’avère trop argileuse pour être viable (sauf dans la région du Témiscamingue).
L’esprit d’entrepreneuriat donne un caractère particulier à la petite ville de Hearst. L’histoire forestière en fait foi : les scieries familiales ont été nombreuses et quelques-unes existent toujours.
Aujourd’hui, la moitié de la population de la région de Cochrane est francophone – et plus on voyage vers l’ouest, plus la concentration est forte. À Hearst, on retrouve environ 90 % de la population franco, mais 93 % de la population parle français. Avec ses quelque 5000 habitants, Hearst compte un journal, une radio, un centre culturel… et une université!
La région est une réserve reconnue par les chasseurs et les pêcheurs et est un terrain de jeu sans pareil pour les amateurs de motoneige et de canot-camping. Si vous cherchez des guides aguerris ou des exploitants de pourvoirie (de fiers francos, par-dessus le marché), vous êtes au bon endroit. Ici, la francophonie est bien présente et bien vivante.
- À lire : Le Nord : nature et hospitalité
- À visiter : l’Écomusée de Hearst, dans l’une des plus anciennes maisons de Hearst, et la Place du marché de la scierie patrimoniale
Sudbury : la capitale culturelle d’un nouvel Ontario
Les Canadiens français s’installent à Sudbury (autour de la paroisse Sainte-Anne-des-Pins) dès les années 1880 pour travailler dans les mines, les forêts et exploiter la terre. Ils y fondent un collège dès 1913, puis une université dans les années 1950.
Mais voilà que dans les années 1970, l’Ontario français est secoué par la contre-culture. On a envie de s’entendre et de se voir. On conçoit un drapeau, on écrit des chansons, on crée des pièces de théâtre qui mettent en vedette la jeunesse franco-ontarienne, on fonde une maison d’édition, un théâtre, une galerie, des festivals. Tout ça, à Sudbury-l’ouvrière.
En 2022, soit 50 ans plus tard, la francophonie de Sudbury s’est donnée un nouvel espace tout à elle : la Place des Arts! Elle héberge la Galerie du Nouvel-Ontario, la Slague (le diffuseur de spectacle), le Théâtre du Nouvel-Ontario, un bistro et une librairie-boutique…
Dans une tournée guidée ou autoguidée – vous y verrez des traces d’histoire importantes pour la francophonie locale : des moules de Canada Bread, des pans de plafond de l’école Saint-Louis-de-Gonzague, des casiers de l’école secondaire…
Il faut aussi explorer les festivals de Sudbury : il y en a plusieurs qui se concentrent sur la culture franco, d’autres qui l’intègrent tout naturellement.
- À lire : Sudbury, un pôle culturel
- À vivre : le French Fest (septembre)
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