Vivre Percé au moins une fois dans sa vie !
Depuis des siècles, Percé attire les voyageurs. Située à l’extrémité de la péninsule gaspésienne, l’« île Percée » est un important site de pêche où les Basques, Bretons et Normands se rencontrent chaque été dès le 16e siècle. Deux cents ans plus tard, Percé devient un important poste de pêche des compagnies anglo-normandes établies dans le golfe du Saint-Laurent. Puis le tourisme s’y développe au 20e siècle et Percé devient une destination réputée. Son spectaculaire rocher vertical percé d’un trou géant, la colonie de dizaines de milliers de fous de Bassan qui niche sur l’île Bonaventure, le patrimoine bâti du pittoresque village côtier, ses croisières en mer et les falaises qui entourent le site, tout concourt au charme unique de Percé, désigné site patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications du Québec. Depuis les années 1980, la mise en valeur du patrimoine historique, culturel et naturel du parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-rocher-Percé et le développement de l’industrie touristique privée ont accru et diversifié l’intérêt exceptionnel de ce site de calibre mondial.
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Un patrimoine naturel à couper le souffle
À Percé, les extravagances de la nature soulèvent l’admiration. En arrivant par la route du nord, du haut de la falaise qui débouche sur l’amphithéâtre naturel de Percé, le village se révèle tout entier, avec sa rive en forme de croissant, l’île Bonaventure au loin et le rocher Percé que l’on devine au bout d’une enfilade de falaises. En arrivant par le sud, le rocher massif, cuivré, découpé au couteau, saute au visage des visiteurs avec son étonnant trou arrondi. D’autres merveilles se révèlent progressivement : le belvédère haut perché du mont Sainte-Anne, l’attachant bord de mer et les falaises roses de l’île Bonaventure où nichent des dizaines de milliers de fous de Bassan.
Inauguré en 2017, le géoparc renouvelle le coup d’œil sur Percé, avec son belvédère vitré surplombant le vide à 200 mètres d’altitude, sa tyrolienne et son exposition multimédia Tektonik sur la fascinante histoire géologique de la région. Un réseau de sentiers bien balisé permet désormais d’explorer toute la région, de Percé jusqu’à L’Anse-à-Beaufils, en passant par des belvédères, des cascades et des grottes. Sur l’île Bonaventure, la colonie de fous de Bassan la plus accessible au monde compte quelque 100 000 individus. À partir des sites d’observation du parc national, animés par des naturalistes, on peut presque toucher ces élégants oiseaux en observant leur rituel nuptial et le soin qu’ils prodiguent à leurs petits. La plus grande colonie de guillemots marmettes du golfe du Saint-Laurent niche également sur l’île Bonaventure, qui n’est plus habitée. Plusieurs sentiers donnent accès aux plus beaux et surprenants endroits de l’île.
La mise en valeur du patrimoine historique
À deux pas du quai de Percé, d’où partent les incontournables croisières qui longent le rocher Percé, font le tour de l’île Bonaventure et y déposent les passagers pour quelques minutes ou quelques heures, se trouve le secteur historique de Percé. Le cœur de ce site patrimonial comprend trois bâtiments de la compagnie Robin & Cie ouverts au public, restaurés selon leur apparence originale du 19e siècle. Le premier est un ancien entrepôt de morue et d’appâts qui sert aujourd’hui de poste d’accueil et d’information. L’ancien entrepôt de sel de la compagnie est devenu un lieu de rassemblement où des guides-animateurs présentent aux touristes des Soirées découvertes sur la faune et la flore de l’île Bonaventure, le quotidien des pêcheurs ou les légendes locales. Dans le plus grand de ces bâtiments, le Chafaud, un entrepôt typique des compagnies de pêche à la morue anglo-normandes, peint en blanc et rouge, où l’on déchargeait la morue avant de l’apprêter et de l’étendre sur un lit de sel, se trouve l’exposition du centre de découvertes du parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé.
D’autres bâtiments associés à l’âge d’or du commerce de la morue séchée en Gaspésie se trouvent dans le même secteur, notamment de petites maisons de pêcheurs construites aux 19e et 20e siècles et l’ancienne cantine de la Robin & Cie, qui héberge aujourd’hui les bureaux administratifs du parc national. On trouve aussi à Percé de beaux exemples de résidences de villégiature bourgeoises remontant au tournant du 20e siècle, notamment la villa du peintre américain Frederick James, située directement en face du rocher Percé.
Il existe aussi un intéressant patrimoine bâti sur l’île Bonaventure, reflétant l’époque où près de 200 personnes – en majorité des pêcheurs – résidaient sur l’île en permanence. La résidence du gérant de la compagnie Le Boutillier Brothers, construite au 19e siècle, abrite une exposition sur l’industrie de la pêche à la morue. On peut aussi visiter la résidence du pêcheur William Duval récemment restaurée selon les plans et les techniques d’origine (1912). Quant au Resto des Margaulx, il est aménagé dans un ancien entrepôt de la Le Boutillier Brothers construit à Paspébiac, mais démonté et remonté à l’identique sur l’île Bonaventure.
Quelques jalons historiques
Les Micmacs connaissaient et exploitaient bien avant l’arrivée des Européens les richesses halieutiques de la région de Percé.
À l’époque de la Nouvelle-France, Percé constitue le principal poste de pêche français dans le golfe du Saint-Laurent. Quelque 600 pêcheurs y travaillent dans les périodes les plus intenses. Par deux fois, les troupes britanniques rasent ces installations et chassent les pêcheurs français : en 1690, lors du passage de la flotte de l’amiral Phips, qui va attaquer Québec, et en 1758, lorsque les forces du général Wolfe s’emparent progressivement de toute la colonie française.
En 1776, le Jersiais Charles Robin établit le plus important poste de pêche de son entreprise à Percé. En 1845, la compagnie jersiaise Le Boutillier Brothers s’établit à son tour sur l’île Bonaventure. Percé est alors l’un des principaux centres de pêche de tout l’est du Canada. La même année, une partie du rocher s’effondre et perd ainsi l’un des deux trous qu’il possédait jusque-là.
Les premiers villégiateurs commencent à fréquenter Percé à la fin du 19e siècle ; ce sont des artistes et des bourgeois. Ces « touristes » arrivent par la mer jusqu’à ce qu’une voie de chemin de fer atteigne la région en 1911, puis une route carrossable en 1928.
Percé devient une destination touristique populaire (tourisme de masse) après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), lorsqu’un grand nombre de familles sont en mesure de s’acheter une automobile.
En 1973, le gouvernement du Québec déclare Percé site patrimonial pour en préserver le caractère singulier. En 1985, il crée le parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-rocher-Percé, d’une superficie de 5,8 km2, qui englobe une partie du village, le rocher Percé et l’île Bonaventure.