Université d’Ottawa, bilinguisme et tremplin pour les Franco-Ontariens
Située au cœur de la capitale nationale, l’Université d’Ottawa est la plus grande université bilingue, anglais-français, au monde avec plus de 40 000 étudiants, dont environ 30 % sont francophones. Depuis sa fondation, elle s’est avérée un indispensable outil de promotion sociale pour la communauté francophone de l’ouest du Québec et de l’est de l’Ontario, voire de tout l’Ontario français. En 1848, les Oblats fondent le Collège de Bytown, qui devient une université en 1866. L’enseignement y est dès le départ bilingue afin de desservir les catholiques canadiens-français et irlandais. Le français est mis au rancart de 1874 à 1901, sous la pression des étudiants anglophones, puis il refait surface quand les étudiants canadiens-français représentent la majorité de la clientèle. Depuis les années 1960, le nombre d’étudiants anglophones croît sans cesse au point que ceux-ci sont redevenus largement majoritaires. Ces fluctuations font du bilinguisme une valeur fondamentale de cette institution universitaire de premier plan. Son Centre de recherche en civilisation canadienne-française est le principal centre d’archives de la communauté franco-ontarienne.
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Le bilinguisme comme valeur pédagogique et sociale
L’Université d’Ottawa est un important pôle de la vie en français à Ottawa, avec ses conférences, colloques, activités culturelles et bassin de professeurs et d’étudiants francophones. Elle place néanmoins au premier plan le bilinguisme comme composante centrale de ses programmes de formation et comme valeur à développer dans la société canadienne. Historiquement, les sciences sociales s’y enseignaient surtout en français et les sciences naturelles et les sciences de la santé, uniquement en anglais. Aujourd’hui, les trois quarts de ses programmes sont offerts dans les deux langues officielles. Elle n’exige plus que ses étudiants apprennent l’autre langue officielle du Canada, bien que des programmes d’immersion encouragent et favorisent cet apprentissage.
En offrant la possibilité d’étudier en français, en anglais, ou dans les deux langues, et de vivre dans un milieu bilingue, l’Université d’Ottawa estime favoriser l’insertion de ses diplômés sur le marché du travail, notamment dans la fonction publique fédérale, très présente à Ottawa, où de nombreux postes doivent être occupés par des personnes bilingues. Huit chaires de recherche sur la francophonie canadienne et l’Institut des langues officielles et du bilinguisme, créés entre 2003 et 2007, renforcent la place du français dans l’animation scientifique de l’Université d’Ottawa. Sa Faculté de droit est aussi la seule au pays, avec celle de l’Université McGill, à Montréal, à offrir une formation sur les deux systèmes juridiques canadiens dans une même institution, soit le droit civil issu de la tradition française, appliqué au Québec, et la Common Law issue de la tradition britannique, pratiquée dans les autres provinces canadiennes.
L’Université d’Ottawa et la communauté francophone hier et aujourd’hui
S’il est largement reconnu que l’Université d’Ottawa a été un instrument de promotion sociale des Canadiens français, puis, à compter des années 1970, des Franco-Ontariens, en permettant à des milliers d’entre eux de recevoir une formation supérieure dans leur langue maternelle, le recul du français dans cette importante institution dans les dernières décennies en inquiète plusieurs. Le mouvement pour la création d’une nouvelle université entièrement francophone en Ontario découle notamment de la minorisation des francophones et des Franco-Ontariens dans les corps administratifs, étudiants et professoraux, et de la volonté des Franco-Ontariens de se doter d’un espace autonome similaire à ceux dont bénéficient les Acadiens et les Franco-Manitobains dans les universités francophones de Moncton et de Saint-Boniface.
L’Université d’Ottawa a récemment poursuivi son engagement envers la langue française en développant son offre de cours d’immersion française – elle est le plus important centre universitaire d’immersion française au Canada – et en abaissant ses frais de scolarité pour les étudiants étrangers francophones.
Le Centre de recherche en civilisation canadienne-française, un acteur clé
Sur le plan de la promotion et du développement de la culture française en Ontario, le Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa, créé en 1958, a certainement joué un rôle clé. Son champ d’action est d’abord limité à la littérature canadienne-française, dans laquelle il est un pionnier. Il rassemble des collections, effectue des recherches et met sur pied des cours de littérature canadienne-française au tournant des années 1960. Puis il multiplie les publications, organise des conférences et stimule ainsi l’émergence d’une littérature française propre au Québec et au Canada. De 1970 à 1985, il élargit son champ d’action, devient interdisciplinaire et rayonne à travers le pays. Il se penche sur les créateurs franco-ontariens, sur les communautés francophones d’Acadie et de l’Ouest canadien, ainsi que sur la situation des Franco-Américains.
Après une période de sous-financement, le Centre redevient un pôle majeur de la recherche franco-canadienne dans les années 2000. Il est aujourd’hui dépositaire du plus important fonds d’archives sur les francophones de l’Ontario et contribue régulièrement à la programmation académique francophone à l’Université d’Ottawa.