Sainte-Marie-au-Pays-des-Hurons, première mission française au cœur de l’Amérique
La reconstitution du village que les missionnaires français ont construit au pays des Hurons-Wendats, sur les rives de la baie Georgienne, au 17esiècle, permet aux visiteurs de prendre conscience des événements déterminants qui s’y sont produits entre 1639 et 1649. Les missionnaires s’établissent alors au milieu d’une vingtaine de milliers de Hurons-Wendats pour les convertir au catholicisme. Aujourd’hui, des guides-animateurs costumés reproduisent certaines activités de l’époque afin d’illustrer les défis qu’ont surmontés les missionnaires et le choc que les Autochtones ont subi. Des fouilles archéologiques ont guidé la reconstruction du village et l’information présentée repose sur des recherches historiques approfondies.
Pour en savoir plus…
Se réconcilier avec le passé à Sainte-Marie-au-Pays-des-Hurons
La reconstitution de Sainte-Marie-au-Pays-des-Hurons achevée en 1967 comprend une dizaine de bâtiments entourés d’une palissade. Des guides-animateurs en costume d’époque y présentent plusieurs activités et démonstrations pratiques, tant françaises qu’autochtones, comme le maniement des canots, le travail de forge, la préparation des aliments, la narration de contes et de légendes, qui redonnent vie à ce centre missionnaire. Les visiteurs découvrent en même temps la base des cultures françaises et autochtones de cette époque et la nature des événements dramatiques qui se sont produits en Huronie. Le programme d’interprétation a pour but de favoriser la compréhension mutuelle et la réconciliation. Quelque 100 000 personnes visitent Sainte-Marie-au-Pays-des-Hurons chaque année.
Un ambitieux projet missionnaire
Le village fortifié de Sainte-Marie comprend 22 bâtiments lorsque les missionnaires jésuites y mettent eux-mêmes le feu en 1649. Ce village incarne l’ampleur du projet qui les anime dans les premières décennies de la Nouvelle-France. Ils ont choisi la Huronie parce que cette grande nation autochtone est la principale alliée des Français dans la traite de fourrures et qu’elle est sédentaire. Les missionnaires peuvent vivre parmi les Hurons-Wendats en permanence et travailler au quotidien à leur conversion. Sainte-Marie est leur centre opérationnel. Les missionnaires peuvent s’y reposer, s’y approvisionner, voire s’y réfugier au besoin, entre leurs séjours dans les villages hurons qui les entourent.
Changer la culture des Wendats
L’objectif des missionnaires est de transformer les coutumes et les croyances de ceux qu’ils appellent Hurons. C’est un grand défi, car ce peuple fier et respecté possède une organisation politique très développée et jouit d’une grande influence. Grâce au maïs que les Wendats cultivent en quantité et à leur talent diplomatique, ils sont au centre d’un large réseau d’échanges avec plusieurs autres nations amérindiennes. C’est ainsi qu’ils fournissent des fourrures de castor en abondance aux Français, qui leur procurent en échange des objets de fer et des tissus inconnus en Amérique. Ce nouveau commerce franco-amérindien renforce la position centrale et l’influence que possédaient déjà les Wendats.
Le choc des cultures et les épidémies dévastatrices
C’est dans les décennies 1630 et 1640 que quelques dizaines de Français, missionnaires, soldats et commerçants de fourrures, s’établissent en permanence chez les Hurons-Wendats. Ce changement aura de graves conséquences, car les Français apportent avec eux des maladies infectieuses inconnues en Amérique, comme la variole, contre lesquelles l’organisme des Wendats ne peut pas se défendre. En quelques années, ces maladies décimeront des milliers d’entre eux, une hécatombe qui diminue au moins de moitié la population wendate. À ce drame collectif s’ajoutent les pressions constantes des jésuites en vue de transformer leur culture.
La fin de la Huronie et de Sainte-Marie
Cette situation provoque un grand désordre. Plusieurs Hurons-Wendats se convertissent dans l’espoir d’échapper à la mort, puisque les maladies épargnent les Blancs. Mais plusieurs autres accusent les missionnaires de sorcellerie maléfique et menacent de les éliminer. C’est pourquoi les Français ne fournissent que peu d’armes à feu à leurs alliés. Pendant ce temps, la nation rivale, les Iroquois, se procure beaucoup de fusils dans la colonie de Nouvelle-Hollande (New York). Forts de l’avantage des armes, les Iroquois attaquent leurs ennemis de longue date, les Wendats, qui, affaiblis et désorganisés, subissent une cuisante défaite et se dispersent à tous vents, en petits groupes. C’est la fin de la Huronie. Des missionnaires sont également capturés et tués, pendant que d’autres mettent le feu à Sainte-Marie pour éviter que cette importante infrastructure soit utilisée par l’ennemi. Ces missionnaires retournent ensuite en Nouvelle-France avec quelques centaines de Hurons convertis, dont les descendants habitent encore aujourd’hui la réserve de Wendake en banlieue de la ville de Québec.