Résidence de George-Étienne Cartier, illustre politicien canadien-français, Père de la Confédération
George-Étienne Cartier a habité cette résidence bourgeoise de la rue Notre-Dame, à Montréal, entre 1848 et 1872, c’est-à-dire du début à la fin de sa brillante carrière politique. Parmi ses nombreuses réalisations, la plus mémorable est sans doute d’avoir été l’un des principaux architectes de la Confédération canadienne, puis de l’expansion du Canada vers l’ouest. Cette résidence entièrement meublée dans le style qu’affectionnait la famille Cartier permet aux visiteurs de découvrir l’intérieur d’une résidence victorienne du 19e siècle et le mode de vie de ses habitants. On y présente en outre de l’information sur les débats politiques qui ont précédé la création du Canada et les positions que défendait Cartier.
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Le privilège de visiter la résidence familiale des Cartier
À Montréal, la Maison George-Étienne-Cartier offre au public un rare privilège : celui de visiter l’intérieur d’une résidence cossue de la seconde moitié du 19e siècle, reconstitué fidèlement, incluant certains objets ayant appartenu aux membres de cette influente famille. L’aisance des Cartier émane de l’ameublement ouvragé, des boiseries fines et de la décoration aussi délicate qu’abondante, qui confirment au premier coup d’œil le statut social élevé de ses habitants. Les malles de voyage, photographies, accessoires de bureau, matériel de couture, vaisselle et autres objets donnent un aperçu de leur mode de vie.
Inspirés des journaux intimes d’Hortense et de Joséphine, deux des trois filles du couple Cartier-Fabre, les objets exposés dans leur chambre évoquent des tranches de vie de ces jeunes bourgeoises montréalaises. Dans la période de Noël, les visiteurs peuvent découvrir l’amalgame de traditions françaises et anglaises que la famille Cartier aimait célébrer à cette période de l’année. Car, comme plusieurs membres de l’élite canadienne-française de l’époque, les Cartier étaient influencés par l’emprise qu’exerçaient les Britanniques sur le Québec, le Canada, et une grande partie du monde. À un point tel que lors d’un entretien avec la reine d’Angleterre, Cartier aurait déclaré qu’un habitant du Bas-Canada était un Anglais qui parle le français. Ce commentaire ne pouvait cependant s’appliquer à toute la population canadienne-française, dont une partie demeurait très attachée à ses origines françaises.
Le compromis historique de la Confédération canadienne
Dans la période de grande instabilité politique des années 1850-1860, Cartier a joué un rôle déterminant dans l’élaboration du projet de Confédération canadienne. Convaincu de la supériorité des institutions britanniques, en comparaison de celles des États-Unis, Cartier a élaboré, promu et négocié un projet politique inspiré des traditions britanniques, mais adapté au cas du Canada, en ce sens qu’il visait notamment à accorder des droits égaux aux communautés francophones et anglophones. Le palier fédéral de cette confédération proposée posséderait plus de pouvoirs que les paliers provinciaux, qui bénéficieraient néanmoins de pouvoirs spécifiques dans des domaines comme l’éducation et la culture, importants pour les Canadiens français.
Parmi les artisans du Canada, Cartier était le principal promoteur d’un État décentralisé qui maintiendrait un certain équilibre entre les pouvoirs du fédéral et ceux des provinces. Ce compromis a finalement rallié suffisamment d’appuis pour que la Confédération canadienne voie le jour en 1867 et perdure jusqu’à aujourd’hui.
La théorie et la pratique
Sur la question des droits des francophones, l’application du système politique canadien n’a pas donné d’aussi bons résultats que l’espérait Cartier. Dans les provinces majoritairement anglophones, le droit à l’éducation en français a rapidement été limité, voire pratiquement éliminé. Au niveau fédéral, les anglophones qui étaient également majoritaires dans l’ensemble du Canada ont rapidement dominé la scène politique et marginalisé les communautés francophones situées à l’extérieur de la province de Québec, où se trouvait la seule majorité francophone. Le projet pour lequel Cartier s’était battu n’a donc résisté qu’en partie à l’application des principes sur lesquels il reposait. Et ce, jusqu’à une période récente, soit jusqu’aux réformes liées au rapatriement de la Constitution canadienne, de Londres à Ottawa, en 1982, qui ont permis aux francophones en situation minoritaire de recouvrer certains droits essentiels, comme le droit à l’éducation en français.
L’héritage de Cartier
L’importante contribution de Cartier à la création du Canada n’est pas le seul héritage de cet homme politique d’envergure. Dès 1868, il s’est rendu à Londres pour négocier la cession de l’immense territoire privé de la Compagnie de la Baie d’Hudson au tout jeune Canada, plutôt qu’aux États-Unis, qui souhaitaient l’acquérir en plus de l’Alaska. L’achat de ce territoire, en 1870, a augmenté considérablement la superficie du Canada, en particulier vers l’ouest. Cartier a aussi joué un rôle clé dans l’admission du Manitoba dans la Confédération, en 1870, puis de la Colombie-Britannique en 1871. Il est aussi l’un des artisans du projet de chemin de fer transcontinental canadien dans lequel il avait des intérêts cachés, qui ont fait scandale. Enfin, au Québec, il a participé à l’instauration de la loi sur les municipalités, à des réformes scolaires et à l’instauration du Code civil.
La maison Georges-Étienne-Cartier est située dans le site patrimonial de Montréal, déclaré par le gouvernement du Québec.