Parlement du Québec et Assemblée nationale, lieu de pouvoir et de mémoire
L’Assemblée nationale du Québec est la seule assemblée démocratique majoritairement francophone en Amérique du Nord. Les 125 députés élus qui la composent se réunissent dans l’hôtel du Parlement, à Québec, où ils votent des lois et des budgets, débattent et prennent des décisions qui orientent l’évolution du Québec. Ce magnifique et prestigieux édifice, inauguré en 1886, est l’œuvre de l’architecte Eugène-Étienne Taché, qui s’est inspiré du style Second Empire alors en vogue en France pour témoigner des liens historiques qui unissent le Québec et la France. Taché désirait aussi illustrer l’amalgame autochtone, français et britannique qui est à l’origine de la société québécoise en ornant la façade du parlement d’une trentaine de sculptures de personnages historiques. La colline Parlementaire sert d’écrin au parlement, dont un service de guides accrédités fait découvrir l’intérieur. L’Assemblée nationale est un site patrimonial national déclaré par la Loi sur le patrimoine culturel du Québec.
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Le patrimoine historique du parlement
L’intérêt patrimonial de l’Assemblée nationale est reconnu depuis 1985. Le projet initial de l’architecte Taché de commémorer l’histoire du Québec s’est prolongé dans le temps et s’est étendu à l’ensemble de la colline Parlementaire, qui accueille maintenant plusieurs statues d’hommes et de femmes politiques du 20e siècle. La promenade des Premiers-Ministres rend hommage aux chefs de l’État québécois et des jardins mettent même en valeur le patrimoine végétal du Québec sur le parterre faisant face au parlement. La Commission de la capitale nationale du Québec veille à l’entretien et à l’embellissement des lieux.
Taché annonce dès le départ son intention en faisant graver au-dessus de la porte principale de l’édifice la phrase « Je me souviens », qui deviendra la devise de la province de Québec en 1939. Il veut ainsi rappeler la diversité des acteurs qui ont façonné l’histoire du Québec au moyen de statues réparties dans les niches et sur les piédestaux de la façade, que complètent des armoiries de personnes influentes sculptées dans la pierre. Taché consacre deux grandes sculptures aux Premières Nations qui ont accueilli les immigrants européens sur leur territoire. Il accorde une place de choix aux pionniers de la Nouvelle-France : Marie de l’Incarnation, Champlain, Marquette, Frontenac, Talon, et autres, ainsi qu’à leurs successeurs : La Vérendrye, Montcalm, Salaberry… tout en soulignant le rôle des Britanniques : Wolfe, Dorchester ou Baldwin. La façade du parlement illustre ainsi l’histoire de la collectivité qui élit les représentants qui y siègent en son nom.
Un chef-d’œuvre architectural
Taché réalise un chef-d’œuvre en dessinant le parlement, dont l’équilibre des volumes et l’abondante ornementation de la façade confèrent harmonie et dignité à l’édifice, des qualités qui sont parfaitement adaptées à sa fonction. Le style Second Empire, inspiré de la Renaissance, plaît aux Français depuis l’agrandissement du Louvre dans les années 1850. Quand Taché l’adopte, il est très novateur au Québec.
L’édifice est de plan carré. Ses quatre ailes d’une élévation de quatre étages entourent une cour intérieure fermée. L’aile centrale est surmontée d’une tour-horloge de huit étages. Les toits mansardés sont percés de lucarnes et les avant-corps centraux sont coiffés de dômes rectangulaires. Une fontaine entourée d’un escalier semi-circulaire monumental mène à l’entrée. Les parements de pierre ouvragés donnent du relief et de la vivacité à cet imposant bâtiment.
Visiter le parlement
Les guides accrédités conduisent les visiteurs par un escalier central jusqu’aux deux principales salles de l’Assemblée nationale : le salon Bleu, où siègent les parlementaires, et le salon Rouge, l’ancienne salle du Conseil législatif (l’équivalent du Sénat canadien), aboli en 1968, où se déroulent désormais des cérémonies protocolaires. Plusieurs œuvres d’art, vitraux, objets et portraits de tous les premiers ministres du Québec agrémentent ces salles et les couloirs qui y mènent, entre autres le grand tableau de Charles Huot Le débat sur les langues, représentant une séance de 1793 du Parlement du Bas-Canada, où il fut décidé que le français aurait droit de cité en Chambre malgré son interdiction initiale.
Les visites gratuites destinées au grand public et à la clientèle scolaire éclairent le fonctionnement du système démocratique canadien et l’histoire parlementaire du Québec.
La colline Parlementaire
L’Acte constitutionnel de 1791 instaure le régime parlementaire britannique dans le Bas-Canada (le Québec actuel). La première assemblée délibérante élue siège en 1792, ce qui fait du Québec un pionnier de la démocratie mondiale. Le parlement est alors situé au sommet du cap Diamant, dans le parc Montmorency actuel. Le violent incendie qui réduit l’édifice en cendres en avril 1883 met fin à près d’un siècle de vie parlementaire à cet endroit. Heureusement, la construction du nouveau parlement de la province de Québec – l’une des quatre provinces fondatrices du Canada en 1867 – est suffisamment avancée pour accueillir les parlementaires. L’inauguration officielle a lieu en avril 1886.
Au début du 20e siècle, les bureaux de l’hôtel du Parlement ne suffisent plus à contenir l’appareil gouvernemental en croissance. Quatre édifices sont construits sur la colline Parlementaire, à l’ouest et au nord du parlement, entre 1910 et 1937, pour abriter la bibliothèque et divers ministères. La phase d’expansion suivante se produit dans les années 1960 avec la construction des immeubles de bureaux de style contemporain G, H et J, à courte distance, mais à l’extérieur du périmètre de la colline Parlementaire, qui conserve ainsi son unité architecturale.