Le site patrimonial de Trois-Rivières : se promener dans l’histoire
Fondée en 1634, Trois-Rivières est la deuxième plus ancienne ville du Québec et l’une des toutes premières au Canada. Situé au confluent de la rivière Saint-Maurice et du fleuve Saint-Laurent, le site est fréquenté par les Amérindiens depuis la préhistoire. C’est pour profiter de ce lieu de rencontre autochtone que les Français y établissent un poste de traite des fourrures. Stimulée par les administrateurs et les communautés religieuses, Trois-Rivières devient l’un des trois centres de services – l’une des trois villes – de la Nouvelle-France. Plusieurs bâtiments de cette époque sont encore visibles et accessibles au public dans le Vieux-Trois-Rivières, dont les rues charmantes illustrent l’évolution de la ville aux siècles suivants, lorsque sa situation géographique favorable à l’industrie forestière la propulse au rang de capitale mondiale de la pâte à papier.
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Le site patrimonial de Trois-Rivières
Trois-Rivières est l’un des premiers noyaux de peuplement de la Nouvelle-France. Si peu de traces subsistent des premières décennies d’occupation, à l’exception du tracé des rues, plusieurs bâtiments du Régime français se dressent toujours dans la partie la plus ancienne de la ville. Ce secteur paisible de Trois-Rivières, déclaré site patrimonial par le gouvernement du Québec en 1964 pour assurer sa conservation et sa mise en valeur, illustre aussi l’évolution de Trois-Rivières au 19e siècle. Se balader dans ces rues invitantes à travers les espaces verts, les monuments, les plaques historiques, les panneaux d’interprétation et les œuvres d’art, permet aux visiteurs de découvrir un pan de l’histoire du Québec, à quelques minutes de marche de la principale rue commerciale du centre-ville, la rue des Forges.
Le patrimoine du Régime français
Parmi les éléments situés dans ce secteur, on compte le manoir Boucher-De Niverville, qui possède l’une des rares charpentes de bois authentiques du Régime français. Ce centre d’interprétation accueille des expositions sur le mode de vie des anciens Canadiens. Le site patrimonial des Récollets-de-Trois-Rivières, sur la rue des Ursulines, est un ensemble religieux développé au milieu du 18e siècle, comprenant l’église Saint-James, reliée au presbytère en pierre par un chemin couvert. À deux pas, le site patrimonial des Ursulines-de-Trois-Rivières comprend la chapelle construite en 1715, le cloître, l’école et l’hôpital, ainsi que le Musée des Ursulines qui présente le riche patrimoine immatériel de la communauté dans une exposition permanente reposant sur des témoignages oraux.
Dans le même quartier se trouvent d’anciennes résidences privées construites au tournant du 18e siècle: le manoir de Tonnancour, qui abrite la Galerie d’art du parc, la maison Georges-De Gannes et la maison Hertel-De La Fresnière, dans laquelle des artisans tiennent boutique, toutes trois classées immeubles patrimoniaux, ainsi que la maison Saint-François qui est convertie en restaurant.
Le patrimoine du 19e siècle
Autour de ces précieux témoins du Régime français, le Vieux-Trois-Rivières comprend de belles résidences bourgeoises de la seconde moitié du 19e siècle, nombreuses dans les rues qui donnent sur le fleuve. Plus en retrait, des maisons ouvrières, des maisons de type « boomtown » et des immeubles à logements du début du 20e siècle illustrent le caractère industriel de Trois-Rivières à cette époque.
L’un des trésors patrimoniaux de Trois-Rivières est sa vieille prison en pierre, construite au début du 19e siècle et utilisée jusqu’en 1986. Cette prison classée immeuble patrimonial est aujourd’hui un centre d’interprétation intégré au complexe du Musée québécois de culture populaire. On y révèle l’histoire carcérale de cet établissement et de celui de la province par des expositions et des visites-expériences, incluant la possibilité de passer une nuit en cellule !
D’une période à l’autre
Trois-Rivières est située à un endroit stratégique qui a marqué son histoire. Les Autochtones y campaient 4000 ans avant notre ère pour y rencontrer des nations provenant de régions fort éloignées, voyageant par le vaste réseau hydrographique interconnecté dont la rivière Saint-Maurice et le fleuve Saint-Laurent sont des éléments importants. Lorsque l’explorateur français Jacques Cartier y passe en 1535, il y rencontre justement de nombreux Autochtones. Il baptise l’endroit Trois-Rivières à cause des îles qui divisent l’embouchure du Saint-Maurice en trois bras.
Samuel de Champlain confie à un certain Laviolette la construction d’un poste de traite à cet endroit en 1634. Dans les années 1650 et 1660, Pierre Boucher organise le bourg, fait construire des fortifications, des maisons et un magasin du roi. Il fait de Trois-Rivières une ville, c’est-à-dire un centre de services, et en devient le premier gouverneur.
Trois-Rivières perd progressivement de l’importance au profit de Montréal et de Québec, mais regagne de l’influence en 1792 quand la ville devient le siège d’un district judiciaire et d’un évêché. L’exploitation forestière se développe ensuite au nord de Trois-Rivières, en Mauricie, et la ville devient un pôle industriel dans les secteurs des pâtes et papiers. Au début du 20e siècle, les usines de la Canadian International Paper Company et de la St. Lawrence Pulp and Paper, entre autres, font de Trois-Rivières la capitale mondiale de la fabrication de papier. Le bois à pâte y arrive par flottage, sur le Saint-Maurice, et le papier est exporté par navire océanique grâce au port en eau profonde de la ville. Trois-Rivières est demeurée une ville industrielle axée sur la fabrication de produits, ainsi qu’une ville de services. Elle compte aujourd’hui 135 000 habitants.