Fort William, pôle d’échanges majeur et forte influence française

Le parc historique du fort William est l’une des plus importantes attractions à caractère patrimonial au Canada. Dans ce vaste site reconstitué fidèlement qui comprend une quarantaine de bâtiments, les activités entourant le commerce des fourrures se déroulent comme dans les années 1810. Les visiteurs assistent à des démonstrations de fabrication de canots d’écorce, ils écoutent chanter des commerçants de fourrures et goûtent au pain des voyageurs : la bannique. Les maréchal-ferrant, tonnelier et boulanger démontrent leur savoir-faire. L’ampleur du site illustre de façon éloquente l’envergure des échanges qui se déroulaient au fort William, siège social de la Compagnie du Nord-Ouest, qui était aussi la plaque tournante d’un lucratif commerce transcontinental. Les employés étaient à 90 % francophones.

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Un lieu de rencontre et d’échanges

Le parc historique du fort William reproduit la diversité des tâches et des personnes impliquées dans le commerce des fourrures au début du 19e siècle. On y voit les commerçants écossais qui détenaient et dirigeaient en majorité la Compagnie du Nord-Ouest, les centaines de voyageurs canadiens-français et métis qui parcouraient des milliers de kilomètres en canot d’écorce, les quelques artisans et fermiers britanniques qui approvisionnaient le fort et dispensaient les services, jusqu’aux nombreux chasseurs métis et autochtones qui fréquentaient la région. Ils sont tous là, costumés, effectuant les multiples tâches d’autrefois.

Aujourd’hui, le parc historique du fort William offre également une gamme de services destinés à stimuler l’économie de la région : programmes éducatifs, conférences et banquets, festivals et activités récréatives. Il opère un terrain de camping et un centre d’astronomie : l’Observatoire astronomique David Thompson, doté d’un puissant télescope. Il met à la disposition des entreprises, groupes et organismes extérieurs qui veulent organiser des rencontres ou des événements spéciaux ses installations multifonctionnelles. La devise du parc est d’ailleurs de préserver le passé tout en construisant l’avenir.

La Compagnie du Nord-Ouest

La Compagnie du Nord-Ouest (CNO), une importante et prospère entreprise montréalaise fondée en 1779, est l’héritière de la traite de fourrures pratiquée par les Français à l’époque de la Nouvelle-France. Des entrepreneurs britanniques, majoritairement écossais, réalisent après la conquête de la colonie que des commerçants et des voyageurs de Montréal connaissent parfaitement les routes, les marchandises et les façons de faire pour obtenir des Autochtones des fourrures d’excellente qualité. Ils mettent alors sur pied plusieurs petites entreprises, puis fusionnent celles-ci en une compagnie d’envergure, la CNO, et la font prospérer.

À la fin du 18e siècle, les régions encore riches en fourrures sont très éloignées de Montréal. Il faut parcourir 3000 ou 4000 kilomètres en canot d’écorce pour les atteindre. Des centaines de Canadiens français et de Métis vont former la main-d’œuvre principale pour parcourir ces longues distances. Ils apportent jusque dans l’Ouest les tissus, articles de fer, armes à feu et alcool que les Autochtones vont échanger contre les fourrures des animaux qu’ils chassent.

Ces distances sont si considérables qu’il faut prévoir un point de rencontre au milieu du trajet. Ce sera fort William, où les voyageurs en provenance de Montréal apportent les marchandises de traite, passent l’hiver, puis reviennent à Montréal chargés des fourrures que l’autre équipe de voyageurs a apportées de l’Ouest. Ces derniers viennent des régions productrices de fourrures, ils passent eux aussi l’hiver au fort William, puis ils rapportent les marchandises de traite dans les territoires autochtones l’été revenu.

Le fort William original

À l’origine, le point de rencontre entre les deux équipes de voyageurs de la CNO était situé là où les Français l’avaient établi, à Grand Portage, environ 75 kilomètres plus au sud. En 1794, lorsque les États-Unis tracent la frontière dans cette région, Grand Portage se retrouve dans leur pays. La CNO doit donc déménager ses opérations plus au nord. En 1803, elle choisit la baie du Tonnerre (Thunder Bay), un endroit également occupé par les Français à partir de 1684. C’est précisément de là que Pierre Gaultier de La Vérendrye planifia les explorations qui l’ont conduit jusqu’au centre du continent dans les années 1730.

Le fort William original était situé à une quinzaine de kilomètres en aval de sa localisation actuelle, à l’embouchure de la rivière Kaministiquia, c’est-à-dire au centre de la ville de Thunder Bay. En 1902, le dernier bâtiment original fut démoli. On ne trouve plus sur ce site qu’une plaque commémorative posée par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada en 1981, et un cairn érigé par la société historique locale en 1916.

En 1821, la CNO a fusionné avec sa grande rivale, la Compagnie de la Baie d’Hudson. Dès lors, le transport des marchandises et des fourrures entre l’Ouest et Montréal fut remplacé par un trajet plus court, menant à la baie d’Hudson où la Compagnie de la Baie d’Hudson avait un poste clé depuis 1682. Le fort William connut un important déclin jusqu’à sa fermeture définitive en 1883… avant de renaître comme attraction touristique sur le site actuel.

King Road 1350
Thunder Bay P7K 1L7 ON CA
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