Deux bonnes raisons de célébrer l’histoire à Chambly

Les lieux historiques nationaux du Fort-Chambly et du Canal-de-Chambly sont situés côte à côte au pied d’un impétueux rapide de la rivière Richelieu, à Chambly. Ces deux sites patrimoniaux gérés par Parcs Canada ne datent pas de la même période historique, mais ils ont tous deux pour origine l’usage de la Richelieu comme voie de communication. Le fort Chambly révèle l’importance stratégique de cette rivière entre le 17e et le 19e siècle. En outre, il est l’un des premiers bâtiments militaires mis en valeur au Canada grâce à l’implication du journaliste visionnaire qu’était Joseph-Octave Dion. Quant au canal de Chambly, il met en lumière l’intense activité commerciale qui transitait par la Richelieu entre le Canada et les États-Unis aux 19e et 20e siècles. Avec le canal Rideau, en Ontario, il est le seul encore en activité au Canada qui ait conservé son tracé et ses structures d’origine, ainsi que plusieurs mécanismes remontant au début du 20e siècle, notamment ceux qui ouvrent et ferment manuellement les écluses.

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Le fort Chambly et l’époque de la Nouvelle-France

Trois saisons de fouilles archéologiques menées de 1976 à 1978 dans l’ensemble du fort Chambly et sur la totalité du terrain adjacent, jusqu’à dix mètres des murs d’enceinte, ont permis de recueillir un grand nombre d’artéfacts remontant à ses périodes d’occupation successives, entre 1665 et 1860. Les plus intéressantes trouvailles sont exposées à l’intérieur du fort, incluant une petite cafetière de faïence datant du Régime français, la seule qui a été trouvée intacte au Canada. D’autres objets font partie des expositions sur la vie en Nouvelle-France qu’enrichissent maquettes, scènes en trois dimensions, trames sonores et bornes interactives.

Le fort actuel en pierre a repris son apparence de 1711. Le gouverneur de la Nouvelle-France de l’époque, Philippe de Rigaud Vaudreuil, en a ordonné la construction pour remplacer les trois forts en bois qui l’ont précédé dans l’espoir de bloquer l’éventuel passage de troupes britanniques en provenance de la Nouvelle-Angleterre. Les guides expliquent l’architecture du fort et ses principes défensifs. À l’intérieur, ils commentent le mode de vie des militaires qui faisaient partie des compagnies franches de la Marine, stationnées dans ce fort au 18e siècle. Des démonstrations de tir au mousquet ont lieu régulièrement. Les visiteurs qui le désirent sont aussi invités à revêtir le costume que portaient les soldats et les officiers des compagnies franches de la Marine.

La passion de Joseph-Octave Dion pour le fort Chambly

L’une des expositions du fort porte sur le journaliste Joseph-Octave Dion qui a consacré quelque 50 ans de sa vie à la mise en valeur de ce bâtiment. En 1866, il est de retour dans sa ville natale après avoir travaillé pendant quelques années à Montréal. Dès lors, il multiplie les démarches pour sauver le fort qui se dégrade rapidement après son abandon définitif en 1860. Il lance des souscriptions, organise des visites guidées et publie une histoire du fort en 1875. Enfin, en 1881, le gouvernement du Québec octroie un montant de 1000 $ pour sa réfection ; Dion est chargé de surveiller les travaux. Puis il habite le fort à compter de 1886 en tant que gardien, jusqu’à son décès survenu en 1916. Cinq ans plus tard, le gouvernement fédéral déclare le fort Chambly parc historique national, l’un des tout premiers sites patrimoniaux protégés au Canada.

Le canal de Chambly

Le canal de Chambly a été creusé à force d’hommes et de chevaux entre 1831 et 1843, à la grande époque où les canaux étaient perçus comme le meilleur moyen de développer le commerce sur les cours d’eau navigables. Ils permettaient de contourner des obstacles naturels comme les rapides. De fait, le bois, le foin, le grain, la pâte à papier et le charbon ont transité en grande quantité par le canal de Chambly pendant un siècle, entre le Québec et les états américains de la Nouvelle-Angleterre, transformant Saint-Jean-sur-le-Richelieu, où se trouve l’autre extrémité de ce canal long de 20 km, en l’un des plus importants ports intérieurs au Canada.

Au début du 20e siècle, devant les coûts élevés que nécessitaient l’élargissement et la modernisation du canal, les autorités choisirent d’effectuer seulement quelques réparations. C’est ainsi que le canal de Chambly demeure un témoin quasi unique de la technologie des transports maritimes du 19e siècle. Il sert aujourd’hui presque exclusivement à la navigation de plaisance, facilitant le passage de quelque 6000 embarcations par année entre le fleuve Saint-Laurent et le lac Champlain. Son chemin de hallage, sur lequel des attelages de chevaux tiraient autrefois les barges chargées de marchandises, est aménagé en piste cyclable. L’organisme Les Amis du Canal de Chambly, en collaboration avec Parcs Canada, offre la trousse Circuit de l’explorateur pour informer le public sur le fonctionnement manuel des écluses et de certains ponts tournants qui enjambent le canal. Cette trousse attire également l’attention sur les étonnantes maisonnettes des éclusiers qui ont été préservées.

Importance historique de la rivière Richelieu

Dans les premières années de la Nouvelle-France, la Richelieu était appelée la rivière des Iroquois, car c’est par cette voie d’eau que circulaient habituellement les Iroquois lorsqu’ils partaient de leur pays, situé au sud du lac Ontario, pour se rendre jusqu’au fleuve Saint-Laurent. Champlain fut le premier Français à emprunter cette rivière, en 1609, jusqu’au lac qu’il nomma Champlain. Il y affronta un groupe d’Iroquois aux côtés des Hurons, Algonquins et Montagnais auxquels il s’était allié, prenant ainsi position dans le conflit qui opposait ces nations autochtones. C’est ainsi que les Français et les Iroquois devinrent des ennemis.

En 1666, les troupes envoyées par Louis XIV pour mater les Iroquois se postèrent tout naturellement le long de la Richelieu. L’officier Jacques de Chambly supervisa la construction d’un des cinq forts en bois érigés cette année-là. Après le traité de paix conclu en 1667 entre les Français et les Iroquois, quelque 500 officiers et soldats français demeurèrent en Nouvelle-France, notamment Jacques de Chambly à qui l’on concéda une seigneurie qui comprenait le fort dont il avait supervisé la construction. C’est à sa mémoire que la municipalité de Chambly porte ce nom.

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