Basilique Notre-Dame de Montréal, joyau du patrimoine religieux québécois
La foi catholique a longtemps été au centre de la culture francophone au Canada. La basilique Notre-Dame de Montréal, chef-d’œuvre de l’architecture religieuse néo-gothique en Amérique du Nord, construite entre 1824 et 1829, illustre de façon exemplaire la ferveur religieuse partagée par le clergé et les fidèles. Sa décoration intérieure, renouvelée entre 1870 et 1900, émerveille. Elle reflète la grandeur et la splendeur du Dieu tout-puissant et miséricordieux. Elle suscite autant l’admiration que l’émotion. Son décor de bois polychrome inspiré de la Sainte-Chapelle de Paris est aussi chargé d’enseignement pour qui l’observe attentivement. De nombreuses représentations symboliques évoquent les dogmes catholiques et plusieurs vitraux illustrent l’histoire de Montréal. Des centaines de milliers de touristes visitent chaque année cette magnifique église.
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Bienvenue au paradis
Entrer pour la première fois dans la basilique Notre-Dame de Montréal provoque le même (possible) émerveillement qu’entrer au paradis. La splendeur et la chaleur étonnantes de la décoration saisissent le visiteur d’émotion. Le plafond voûté de couleur bleue constellé d’étoiles, l’éclat raffiné du chœur, du maître autel et du retable finement sculpté, l’opulence polychrome des tribunes latérales et des piliers qui les supportent, tout cela paraît irréel. Quelle autre église dégage un charme aussi puissant et mystérieux ? Bienvenue dans la basilique Notre-Dame de Montréal…
Le sculpteur et architecte Victor Bourgeau, aidé des sculpteurs Louis-Philippe Hébert et Henri Bourriché, réalise ce décor à compter de 1872, soit une quarantaine d’années après que la première version de l’église eut été complétée. Le curé Rousselot, qui venait tout juste de visiter la Sainte-Chapelle, à Paris, cette année-là, en est l’instigateur. Le courant romantique inspire ce recours à l’émotion comme socle de la foi et de la piété.
Cette église est plus large que la moyenne avec ses doubles tribunes de chaque côté de la nef. Elle peut accueillir jusqu’à 10 000 personnes, mais elle dégage quand même une impression d’intimité. Elle plaît. Elle attire. Elle accueille.
Évolution d’un mariage culturel
Ce joyau de l’architecture canadienne-française incarne l’influence multiculturelle qui caractérise la société du Québec. Au début du 19e siècle, à l’époque de sa construction, le Québec n’est encore qu’une colonie britannique appelée le Bas-Canada. Les Sulpiciens qui sont responsables de cette paroisse fondatrice de Montréal engagent un architecte américain d’origine irlandaise, James O’Donnel, un protestant de New York (qui se convertira plus tard au catholicisme) pour remplacer l’église paroissiale devenue trop petite. Ils le choisissent parce qu’O’Donnel s’inspire d’un courant britannique qui gagne en popularité, le renouveau gothique, qui plaît au clergé sulpicien américain et montréalais. Cet accent britannique est particulièrement visible à l’extérieur de l’église, dans les tours-clochers. L’intérieur d’origine, qui ne plaisait guère aux fidèles canadiens-français, a quant à lui été remplacé, comme on l’a vu, par un décor d’inspiration française.
Ce mariage d’influences culturelles se poursuit dans les années 1980 quand, à la suite d’un grave incendie, on greffe à l’écrin néo-gothique de la chapelle Notre-Dame-du-Sacré-Cœur, adjacente à la basilique elle-même, une sculpture monumentale au design contemporain, réalisée par un sculpteur québécois sensible à l’art contemporain international, Charles Daudelin. L’harmonieux chef-d’œuvre de la basilique Notre-Dame exprime donc à sa manière l’amalgame multiculturel qui caractérise le parcours historique du Québec, où les influences autochtones, françaises, britanniques, américaines et maintenant mondiales se marient harmonieusement.
Enracinée dans la société québécoise
La basilique Notre-Dame de Montréal continue d’être un lieu central de la société québécoise même si la pratique religieuse est aujourd’hui en net déclin, et que plusieurs éléments du patrimoine religieux sont menacés. Car les catholiques francophones ont beaucoup investi dans leurs lieux de culte, tant au Québec qu’ailleurs au Canada, et il est impossible de préserver et de mettre en valeur tout ce patrimoine religieux. Mais la basilique de Montréal, qui incarne le fervent passé catholique des Canadiens français, demeure chère aux Québécois.
Divers événements d’importance s’y déroulent : des funérailles nationales, comme celles du premier ministre du Canada Pierre Elliot Trudeau, de la vedette de hockey Maurice Richard ou d’artistes réputés comme Gilles Carle et Claude Léveillée. La vedette internationale de la chanson originaire du Québec, Céline Dion, s’y est aussi mariée. Grâce à l’acoustique exceptionnelle de cette église, l’Orchestre symphonique de Montréal y présente à l’occasion des concerts, tout comme d’autres chanteurs ou musiciens. Ces événements sont parfois télédiffusés et font connaître la basilique Notre-Dame de Montréal à travers le pays. L’avenir de ce joyau du patrimoine religieux est assuré. La basilique Notre-Dame de Montréal est située dans le site patrimonial de Montréal, déclaré par le gouvernement du Québec.