Le plein air, Jean-François Bussières connaît bien. Très bien. C’est un mordu, un vrai. Sa passion pour le grand air l’a poussé vers les Rocheuses, à Jasper. Dès qu’il en a l’occasion, il sort. Qu’importe la saison.
Lorsqu’il n’est pas dehors, il s’affaire derrière le comptoir de Pure Outdoors, son entreprise de location et de vente d’équipement sportif — de glisse, l’hiver, et aquatique, l’été. Des sports qu’il connaît à fond pour les avoir pratiqués mille fois.
Ce gourmand de plein air, guide d’aventure et entrepreneur connaît bien les aléas des activités en nature, quelles qu’elles soient. Salut Canada lui a demandé de nous prodiguer quelques conseils pour profiter pleinement de la nature en toute sécurité.
« Ce sont des banalités, dit-il, mais ça peut sauver des vies. »
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Être préparé
«Quand on sort en nature, on prend un risque, lance tout de go Jean-François Bussières. Le but, c’est de calculer ce risque. Il faut s’équiper en fonction, pour prévenir une escalade de problèmes.»
S’adapter à la météo, c’est un élément clé. Qu’importe où l’on se trouve au Canada, «c’est un grand territoire. On peut facilement se perdre et il peut faire très froid», et ce, qu’importe la saison, précise-t-il.
L’habillement en pelure d’oignon, un conseil élémentaire, presque devenu un cliché, fait partie de cette préparation. L’hiver, ça relève de l’évidence, mais il faut être fin prêt, même l’été. En montagne, selon l’altitude, la température peut chuter de quelques dizaines de degrés, voire passer sous le point de congélation une fois le soleil couché. «Les gens sous-estiment le froid», et c’est particulièrement vrai chez les personnes qui viennent de milieux plus tempérés.
Même les rivières réservent des surprises. L’eau demeure froide, même en été. «L’hypothermie peut frapper rapidement», souligne notre guide.
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Ne jamais s’aventurer sans couteau, sans feu, sans carte et sans boussole
Dans le sac à dos, il y a des essentiels. Outre les en-cas, le guide d’aventure ne part jamais sans feu (un briquet, des allumettes) et sans couteau. Si jamais il est coincé, se faire un feu et couper quelques branches pour le nourrir ou se faire un abri peut être salvateur.
Jean-François Bussières met aussi, dans son sac, une carte et une boussole. «C’est un peu archaïque, mais ça ne faillit jamais», contrairement à l’équipement électronique. Une batterie à plat complique les choses, certes, mais l’absence de réseau cellulaire ou de données satellites pour le GPS peuvent prendre de court les aventuriers. Et ce sont des situations tout à fait plausibles, à l’extérieur des milieux urbains. «Savoir utiliser une carte et une boussole peut sauver des vies», rappelle-t-il.
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Aviser quelqu’un du plan de sortie
Préférablement, on ne part pas à l’aventure seul et avant, il faut avertir un proche, un ami, de nos intentions. Quelqu’un doit savoir quel sentier vous avez l’intention d’emprunter et à quelle heure vous comptez rentrer. «Il faut toujours donner un warning : si on n’a pas donné de nouvelles à une heure X, il faut aviser les autorités.» Ça permet d’agir vite et d’éviter les scénarios catastrophes.
«Hier, un hélicoptère faisait des aller-retour toute la journée, à basse altitude, au-dessus d’un sentier, rapporte Jean-François Bussières. Pas mal sûr qu’il cherchait quelqu’un qui s’est égaré.»
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Demeurer humble face à la nature
«Les gens sous-estiment les forces de la nature. Beaucoup.»
Ce constat a déjà mené ce propriétaire d’entreprise à convaincre des clients d’adapter leur parcours (même à carrément leur refuser la location) pour assurer leur sécurité. «Je sentais qu’ils ne prenaient pas ça assez au sérieux. » Jean-François Bussières relève deux tendances, souvent concomitantes : sous-estimer la nature et surestimer ses forces personnelles. Pour les contrecarrer, le gros bon sens doit intervenir.
«Les nouvelles générations sont parfois (pas toujours) moins conscientes de certains dangers», a constaté l’amateur de plein air sur le terrain. Les fautes d’inattention, donc, sont de plus en plus fréquentes.
La course à la photo qui épatera la galerie est certainement un exemple flagrant d’étourderie. Dans la dernière décennie, il a noté une grande augmentation de chutes chez les personnes qui voulaient prendre LA photo. À un point tel que Parcs Canada aménage désormais de très hautes clôtures là où il y avait autrefois de simples garde-fous. «Excusez : on appelle ça du idiot proofing», dit-il, en étouffant un rire. Certains randonneurs se retrouvent au fond d’un canyon pour réussir un selfie parfait. Et ça, c’est franchement moins drôle qu’une expression bien imagée.
«Il y a un peu d’inconscience, parfois.» Cette inconscience, justement, vaut mieux la laisser à la maison.
MYTHE : Le prédateur sanguinaire
Parmi les idées préconçues qu’entend souvent Jean-François Bussières, il y a celle du prédateur sanguinaire qui rôde — le loup, le couguar ou l’ours. «La plupart d’entre eux craignent l’humain. Ils ne chassent pas l’humain pour la nourriture : on a la peau et les os. Les prédateurs vont préférer s’attaquer à un beau gros wapiti ou un orignal parce qu’il y a de la nourriture pour des jours. La récompense est plus grande que l’effort.»
Par contre, gare aux animaux qui se sentent menacés. Si une personne se trouve à proximité d’un bébé, ou entre la mère et son petit, là, le risque d’attaque est accru. «La maman devient hyper protectrice.»
«Si on laisse tranquille l’animal, il n’y a pas de menace.»
Jasper-la-belle
Jean-François Bussières a rapidement adopté Jasper : «C’est une place quasi magique, qui a gardé son charme de petit village alpin, décrit-il. On résiste à l’expansion.»
«Tout est fait pour jouer dehors», ajoute Jean-François Bussières. Et tout est à proximité. Il est donc possible de faire une sortie quand on a seulement deux ou trois heures devant soi. Mais il faut prendre le temps d’aller chercher son couteau, du feu, une boussole…
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