Le parc du Mont-Royal, une oasis naturelle et culturelle au cœur de Montréal
En 1535, lorsque les Autochtones conduisent Jacques Cartier au sommet de la montagne qui domine leur village, il est si impressionné qu’il la nomme « mont Royal ». Pendant longtemps, elle restera en retrait de la ville qui se développe près du fleuve Saint-Laurent. Mais quand la population explose, au 19e siècle, et que le tissu urbain atteint les pieds de la montagne, la Municipalité en acquiert une partie pour en faire un parc. Elle en confie les plans à l’architecte Frederick Law Olmsted, qui a dessiné Central Park à New York. À plusieurs reprises, la population se mobilise pour sauvegarder des portions de ce vaste parc de deux kilomètres carrés, notamment l’organisme Les Amis de la montagne, qui met le parc en valeur depuis 1986. En 2005, le gouvernement du Québec en assure la protection en le déclarant site patrimonial. Chaque année, une moyenne de quatre millions de visiteurs circulent dans ce parc pour pratiquer des activités de plein air, participer à des activités culturelles et profiter des belvédères qui offrent une vue imprenable sur Montréal.
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Une attraction citoyenne et touristique très appréciée
Les millions d’usagers démontrent à quel point le parc du Mont-Royal rejoint les champs d’intérêt d’un grand nombre de résidents et de touristes. Doté d’une superficie exceptionnelle – il est l’un des plus grands parcs urbains au Canada –, le parc comprend des forêts abritant une soixantaine d’essences d’arbres et plus de 250 espèces de plantes, au milieu desquels vivent une vingtaine d’espèces de mammifères et près de 200 espèces d’oiseaux. Les amants de la nature et les sportifs s’y donnent rendez-vous été comme hiver pour pratiquer leurs activités préférées : randonnées à pied ou à vélo, en raquettes ou en skis de fond, tours en chaloupe sur le lac aux Castors ou patinage sur glace et glissade sur neige. Les randonnées nocturnes en raquettes culminent lors de la course Célébration des Tuques bleues, qui part du pied de la montagne et se termine au sommet, perpétuant une tradition remontant au 19e siècle. Les belvédères Kondiaronk, Camillien-Houde et ceux du parc Summit offrent des points de vue spectaculaires sur le centre-ville de Montréal.
Culture et patrimoine du mont Royal
La randonnée D’un sommet à l’autre organisée par Les Amis de la montagne présente l’histoire de la montagne et des bâtisseurs de la ville, le long d’un parcours qui va du belvédère Kondiaronk jusqu’à l’observatoire du gratte-ciel Place Ville-Marie, à travers le parc et un quartier de la ville riche en patrimoine bâti et mémoriel. Le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal propose lui aussi un circuit centré sur l’histoire de la montagne, du parc du Mont-Royal et des citoyens qui se sont approprié les lieux. Dans la maison historique Smith, construite en 1858, Les Amis de la montagne présentent une exposition sur le patrimoine de la montagne, sur sa faune, sur sa flore et sur l’ancrage du mont Royal dans l’imaginaire montréalais. Ils organisent aussi les Dimanches en musique, une série de concerts gratuits qui se tiennent dans le chalet du Mont-Royal, en été. Dans un tout autre style, les Tam-Tams du Mont-Royal se déroulent tous les dimanches d’été au pied du monument George-Étienne Cartier. Cette activité qui rassemble les amateurs de percussion, d’improvisation et de pique-nique est née spontanément à la fin des années 1970 et se perpétue depuis.
Histoire d’un grand parc urbain
Quand Maisonneuve fonde Ville-Marie en 1642, les Autochtones qu’a rencontrés Cartier sur l’île de Montréal un siècle plus tôt sont partis. Pendant l’hiver, une inondation menace le fort que Maisonneuve a construit sur les rives du Saint-Laurent. Il implore la Vierge Marie de sauver son petit groupe de Français et, comme elle exauce son vœu, Maisonneuve plante une croix au sommet du mont Royal pour l’en remercier. En 1924, la Société Saint-Jean-Baptiste érige la croix illuminée actuelle, qui mesure 30 mètres de haut, en souvenir de ce geste.
Quand Montréal s’industrialise et que sa population atteint 300 000 habitants, en 1880, de riches bourgeois ont déjà commencé à se construire d’opulentes résidences sur les versants du mont Royal. À la même époque, l’hôtel-Dieu, l’Université McGill et le Grand Séminaire de Montréal font aussi leur apparition au pied de la montagne. Des citoyens inquiets de l’avenir de cette oasis de verdure se mobilisent pour demander à la Ville de créer un parc. La municipalité acquiesce et investit un million de dollars pour acquérir plusieurs terrains privés, puis elle engage l’architecte paysagiste Frederick Law Olmsted, concepteur de Central Park à New York, pour qu’il trace les plans du futur parc. Olmsted est sensible à l’impact de l’industrialisation sur les populations urbaines et souhaite rendre accessibles à tout le monde les espaces verts qui sont réservés aux riches. Lors de l’inauguration du parc, en mai 1876, les milliers de citadins qui se rassemblent joyeusement pour pique-niquer sur la montagne confirment qu’Olmsted a vu juste : la population a besoin d’air pur et de nature à contempler.
L’appropriation populaire du parc du Mont-Royal va marquer son histoire. À maintes reprises, des mouvements citoyens s’opposeront aux projets qui menacent son intégrité. Même si l’hôpital Royal Victoria, l’oratoire Saint-Joseph et l’Université de Montréal se construisent à sa périphérie et que la voie routière Camillien-Houde est aménagée en 1958, plusieurs autres projets plus envahissants sont écartés. En 1986, la création de l’organisme Les Amis de la montagne marque un tournant. Cet organisme rassembleur cristallise la défense et la mise en valeur du parc du Mont-Royal. Après d’importantes consultations, la Ville de Montréal adopte un plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal au début des années 1990. En 2005, le gouvernement du Québec poursuit dans la même voie en lui attribuant un statut de protection en vertu de la loi en vigueur. Le parc du Mont-Royal, joyau du patrimoine naturel et culturel de Montréal, est aujourd’hui candidat au titre de site du patrimoine mondial de l’UNESCO, dans la catégorie « patrimoine culturel ».