L’exposition permanente sur l’histoire du Québec du Musée de la civilisation du Québec
Le Musée de la civilisation du Québec, à Québec, est un musée de société qui aborde toutes les facettes de l’expérience humaine dans ses expositions, que ce soit le fonctionnement du corps humain, une manifestation culturelle comme la chanson, ou l’histoire des peuples du monde. Son approche muséologique dynamique en fait l’un des musées les plus fréquentés au Canada. Son exposition permanente Le temps des Québécois présente l’histoire des immigrants français qui ont fait souche en Nouvelle-France. Elle débute avec les relations d’alliance qu’ils ont nouées avec les peuples autochtones qui habitaient le territoire avant eux et se termine par les enjeux qui sont débattus aujourd’hui au Québec, en passant par la cohabitation des Canadiens français avec les immigrants britanniques et les influences américaines qui ont façonné la culture québécoise. Cette exposition est un excellent point de départ pour comprendre le parcours historique des Québécois et l’état actuel du Québec, la seule province majoritairement francophone au Canada.
Pour en savoir plus…
Approche muséologique
Le Musée de la civilisation est reconnu pour l’utilisation de technologies audiovisuelles et interactives dans ses expositions. Le temps des Québécois ne fait pas exception, même si l’accent est mis ici sur la collection d’objets et sur l’information écrite présentée en plusieurs dizaines de courtes vignettes, séparées par thèmes et par périodes. Une dizaine de bornes audiovisuelles diffusent des documents captés entre le début du 20e siècle et les années récentes. Ces documents en français sont sous-titrés en anglais. Tous les textes bilingues sont abondamment illustrés.
Les objets tirés de la très riche collection du Musée occupent une place centrale. Ils sont tous documentés précisément. Pipes amérindiennes trouvées lors de fouilles archéologiques et canot d’écorce autochtone ; maquette de la première Habitation de Champlain, le fondateur de Québec ; chaudron de cuivre échangé contre des fourrures ; coffre de voyage des immigrants du 17e siècle ; horloge grand-père ; croix en fer forgé ; portraits de religieux ; reproduction de la première presse à imprimer introduite au début du Régime anglais ; enseignes publicitaires ; machine à coudre industrielle ; appareil de télécommunication utilisé lors d’Expo 67 ; costume de scène du chanteur-vedette Robert Charlebois… Tous ces objets expriment à leur manière quelques grandes étapes du parcours historique des Québécois.
L’exposition en bref
L’exposition évoque d’abord la présence des peuples autochtones sur le territoire actuel du Québec. Dès leur arrivée, au début du 17e siècle, les Français s’allient aux Autochtones qui les approvisionnent en fourrures. Ces alliances seront durables et favoriseront des rapports généralement harmonieux entre les deux peuples.
La vie en Nouvelle-France et dans les vastes territoires autochtones où les Français exercent une influence de plus en plus grande – c’est-à-dire dans plus de la moitié du continent nord-américain à la fin du Régime français –, cette vie est suffisamment différente de celle de la France pour provoquer une adaptation culturelle et institutionnelle importante. Au terme du Régime français, la culture des Canadiens (les Français nés en Nouvelle-France) est bien différente de celle de leurs cousins français.
Après la conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques, en 1760, l’évolution se poursuit. La volonté des Britanniques d’assimiler la population francophone à leurs mœurs et coutumes est tempérée par des considérations pratiques. Les Britanniques font des concessions au peuple conquis pour favoriser la paix et optimiser le fonctionnement de la société et de l’économie. L’Acte de Québec de 1774 instaure une société hybride, mi-canadienne (issue de la Nouvelle-France) et mi-britannique. Avec l’immigration en provenance du Royaume-Uni et des États-Unis, qui déclarent leur indépendance en 1783, la population croît rapidement et se diversifie. La démocratie inspirée du système britannique fait son apparition en 1791. La foi catholique, qui demeure vive dans la population, permet à l’Église catholique de reprendre progressivement de la force, même sous l’autorité anglo-protestante.
En 1831, seulement 11 % de la population vit en ville. En 1941, cette proportion est passée à 61 %. L’urbanisation est reliée à l’industrialisation. Le phénomène est particulièrement sensible à Montréal, qui devient la métropole industrielle du Canada à la fin du 19e siècle. Les conditions de vie des ouvriers francophones sont cependant souvent misérables, alors que les plus riches propriétaires anglophones mènent une vie opulente dans le Golden Square Mile, au pied du mont Royal. Les premiers syndicats québécois catholiques sont plutôt conciliants, car l’Église appuie fermement le pouvoir et craint la montée des syndicats laïcs aux États-Unis.
Parallèlement à l’industrialisation, l’éducation progresse. Les journaux et périodiques illustrés se multiplient. Les parcs de loisirs, les spectacles de variétés, les musées et même les cercles littéraires font leur apparition. Au début du 20e siècle, le cinéma – américain – devient un loisir urbain très populaire. La société de consommation – à l’américaine – se manifeste aussi par l’ouverture de grands magasins.
L’exposition se penche sur quelques personnalités marquantes du Québec, entre autres les premiers ministres successifs Adélard Godbout, Maurice Duplessis et Jean Lesage. Ce dernier donne le coup d’envoi de la Révolution tranquille qui s’amorce en 1960. Ce mouvement d’émancipation sociale, culturelle et économique se produit rapidement, en parallèle à la laïcisation de la société. La grande exposition universelle qui se déroule à Montréal en 1967, Expo 67, symbolise ce courant de développement et d’ouverture au monde. La Révolution tranquille donne aussi naissance à un mouvement politique prônant la souveraineté du Québec comme moyen de réaliser le plein potentiel du peuple québécois.
L’exposition aborde la période contemporaine sous l’angle du questionnement. Est-ce que le « modèle québécois » hérité de la Révolution tranquille, celui d’un État plus interventionniste qu’ailleurs au Canada, offrant un éventail plus large de services, un filet social plus étendu et un plus faible écart entre les riches et les pauvres, est encore pertinent ? Qu’en est-il du rapport de la collectivité québécoise à la langue française promulguée seule langue officielle en 1974 ? Quel impact auront l’arrivée d’immigrants d’origines de plus en plus diversifiées, et celle des nouvelles technologies de l’information ?
Faisant écho à ces interrogations, le dernier tableau de l’exposition présente un nuage de mots-clés illustrant les préoccupations de milliers de Québécois que le Musée a sondés récemment. Les changements climatiques et la pollution, la question nationale et les droits des femmes font partie des principaux thèmes évoqués par les participants. Avant de quitter l’exposition, les visiteurs sont invités à identifier les enjeux qui leur semblent les plus importants pour bâtir le Québec de demain.