Sudbury, un pôle culturel franco-ontarien marquant
Avec l’arrivée du chemin de fer à Sudbury, en 1883, plusieurs Canadiens français du Québec viennent travailler dans la région, en forêt, dans l’agriculture et dans les mines. En 1911, ils représentent 35 % de la population, sans compter les nombreux francophones établis plus au nord. Pour les desservir, les Jésuites ouvrent le Collège classique du Sacré-Cœur en 1913, une institution francophone qui donnera naissance à l’Université de Sudbury en 1957. Dans les années 1970, cet important pôle culturel se trouve au cœur d’un bouillonnement identitaire majeur qui établit les bases d’une culture proprement franco-ontarienne. Les artistes engagés du mouvement Nouvel-Ontario fondent un théâtre, une maison d’édition, un festival de musique émergente et une galerie d’art à Sudbury. Aujourd’hui, la gamme de services sociaux et culturels francophones ou bilingues qui sont offerts à la communauté de quelque 43 890 francophones (selon le recensement de 2016) du Grand Sudbury en fait un milieu de vie riche et stimulant.
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Le précieux apport des institutions d’enseignement supérieur
Le Collège classique du Sacré-Cœur pour garçons, fondé en 1913, et le Pensionnat Notre-Dame-du-Bon-Conseil pour filles, ouvert en 1928, deviennent d’importants moteurs de développement intellectuel et d’ascension sociale pour les Canadiens français du nord-est de l’Ontario. Un monument de la francophonie, avec plaques historiques, souligne d’ailleurs l’importance du collège jésuite, entre autres parce qu’il a donné naissance à l’Université de Sudbury qui, elle-même, a permis la fondation de l’Université Laurentienne. Cette institution bilingue offre aujourd’hui une quarantaine de programmes partiellement ou entièrement en français.
L’héritage d’un des professeurs du Collège Sacré-Cœur, le père Germain Lemieux, est également marquant. Avec l’appui de la Société historique du Nouvel-Ontario, il mène des enquêtes ethnologiques dans les communautés francophones du nord de l’Ontario de 1948 à 1972 et recueille une impressionnante collection de 3100 chansons et de 680 contes et légendes traditionnels, transmis oralement de génération en génération. Le Centre franco-ontarien de folklore (CFOF) met aujourd’hui en valeur cette collection, en plus des inventaires du patrimoine matériel et immatériel franco-ontarien réalisés récemment. Il organise des soirées de contes et de chansons à répondre pour garder vivant cet héritage.
C’est également à Sudbury que s’est ouverte en 1969 la première école secondaire de langue française entièrement financée par les deniers publics, l’école secondaire Macdonald-Cartier.
Le vibrant foyer culturel du Nord-Est ontarien
En 1971, un groupe d’étudiants de l’Université Laurentienne fonde la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario, CANO, en réaction à la montée du nationalisme québécois qui redéfinit la culture canadienne-française. Leur objectif est de définir leur identité propre en tant que Franco-Ontariens en situation minoritaire. Ce groupe de jeunes multiplie les initiatives : il crée le Théâtre du Nouvel-Ontario, les éditions Prise de parole, la Galerie du Nouvel-Ontario et forme le groupe musical CANO. Des étudiants du programme en histoire se joignent au mouvement et créent le drapeau franco-ontarien qui flotte pour la première fois à Sudbury le 25 septembre 1975.
Ces initiatives marquent la naissance d’une culture proprement franco-ontarienne. Plusieurs artistes de premier plan vont émerger de ce mouvement : le groupe CANO-Musique et l’auteur-compositeur-interprète Robert Paquette, pour ne nommer qu’eux, rayonnent au Québec et sur la scène canadienne. Le festival musical La Nuit sur l’étang devient un événement phare. Le poète Patrice Desbiens s’impose comme l’un des meilleurs de sa génération. Les éditions Prise de parole stimulent le développement de la littérature franco-ontarienne avec un catalogue qui compte aujourd’hui plus de 400 titres publiés. La Galerie du Nouvel-Ontario donne un élan à la photographie, au dessin et à la peinture.
Ce mouvement né à Sudbury favorise le renouvellement identitaire de l’ensemble des francophones de l’Ontario.
La scène culturelle contemporaine francophone à Sudbury
Sudbury demeure aujourd’hui un pôle de l’identité et de la vitalité franco-ontarienne. Son importante communauté francophone, principalement regroupée dans les quartiers du nouveau Sudbury et du moulin à fleur, ainsi que dans les anciennes municipalités périphériques du Grand Sudbury, dont Hanmer, Val Caron, Chelmsford et Azilda, représente le quart de la population de cette vaste agglomération urbaine.
L’Université Laurentienne, bilingue, et le Collège Boréal, francophone, dispensent une formation de haut niveau et tiennent dans leurs murs plusieurs activités sociales et culturelles en français. La région compte aussi six écoles secondaires françaises. Le Regroupement des organismes culturels de Sudbury a mis sur pied un grand projet de Place des arts dont l’ouverture prévue en 2020 stimulera la vie et la culture française dans les années à venir.
L’offre en loisirs culturels francophones est abondante pour une population de cette taille. Le Carrefour francophone, centre culturel et communautaire de Sudbury, est très actif auprès des jeunes et prépare la relève. Le Théâtre du Nouvel-Ontario monte quatre pièces par saison pour les adultes et trois pour les jeunes. Les concerts La Slague présentent une dizaine de spectacles d’artistes francophones par année. Les Concerts La Nuit sur l’étang proposent toujours le grand spectacle annuel attendu, auquel s’ajoute depuis peu le French Fest. La Galerie du Nouvel-Ontario, un centre autogéré réunissant des artistes visuels francophones en art actuel, fait partie d’un réseau national et présente des expositions régulières dans sa galerie, ainsi que des événements hors les murs comme la Foire d’art alternatif de Sudbury. Le Salon du livre de Sudbury se déroule chaque année paire, en mai, et organise chaque année impaire un festival littéraire et un marathon de lecture. Sur le plan historique et patrimonial, le Musée du moulin à fleur explore la vie des ouvriers de ce quartier canadien-français et des colons de la région. Enfin, le journal hebdomadaire Le Voyageur, créé en 1968, et les stations de radio Le Loup-FM et Radio-Canada CBON animent et renseignent en français la communauté de Sudbury et du Nord ontarien.
Science Nord, un musée sur la géologie, les sciences naturelles et l’histoire, Terre dynamique, qui propose une visite guidée de la mine Big Nickel où bien des francophones ont travaillé, ainsi que la Galerie d’art de Sudbury sont des attractions bilingues majeures de Sudbury.