Le 15 août, célébrez la fête nationale de l’Acadie!
En 1881, les Acadiens réunis à Memramcook pour leur première Convention nationale ont choisi le 15 août comme date de leur fête nationale. Depuis lors, les Acadiens se rassemblent en ce jour de l’Assomption pour commémorer leur histoire et célébrer leur culture. Depuis une quarantaine d’années, cette fête a pris une signification nouvelle à la faveur d’un événement bien particulier, le tintamarre. Cette manifestation bruyante et colorée s’est imposée comme élément central de la fête à partir de 1979, à l’occasion du 375e anniversaire de la fondation de l’Acadie, en accentuant son côté festif. Les Acadiens profitent de cet événement pour exprimer haut et fort leur vitalité, leur fierté et leur joie de vivre, eux qui ont réussi contre vents et marées à perpétuer leur culture. Désormais, le 15 août, des tintamarres, des spectacles et des rassemblements joyeux de toutes sortes se déroulent un peu partout où vivent les Acadiens.
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De bruyantes réjouissances
Le plus grand tintamarre acadien se déroule toujours à Caraquet où cette jeune tradition a pris beaucoup d’ampleur. Le dernier jour du Festival acadien, le 15 août, des dizaines de milliers de personnes envahissent la ville pour participer à cet événement singulier. Costumes et déguisements aux couleurs de l’Acadie, drapeaux acadiens, chaudrons, casseroles, flûtiaux, trompettes et autres engins à faire du bruit : l’exubérance est de mise. Un concours récompense les costumes les plus originaux, en solo, en couple, en famille, et les plus ingénieuses patentes à bruit pour stimuler la créativité et la participation du plus grand nombre. Des ateliers sont même offerts durant le festival pour aider les gens à s’y préparer.
Sur le coup de 18h00, au son des cloches de l’église, le défilé délirant se met en branle à travers Caraquet. En soirée, un grand spectacle musical – harmonieux celui-là – clôture les célébrations du festival et de la fête nationale. Ailleurs en Acadie, le 15 août, les célébrations comprennent une messe, un pique-nique familial, un défilé de chalutiers décorés, des spectacles en tous genres, et de plus en plus de tintamarres. Les villes de Moncton et Dieppe organisent le leur, tout comme Bouctouche et Chéticamp, Shippagan et Petit-Rocher, Gatineau et Québec, Shédiac et Kedwick, Bonaventure, Port-au-Port, Pointe-de-l’Église et bien d’autres villes jusque dans le Maine aux États-Unis. Partout où vivent des Acadiens, des rassemblements festifs sèment la bonne humeur. La fête nationale des Acadiens est devenue une explosion de joie à laquelle tous sont conviés.
Affirmer son identité, tracer sa voie
Le choix de célébrer le peuple acadien le 15 août a donné lieu à de vifs débats pendant la Convention nationale de 1881. Plusieurs délégués venaient de participer à la deuxième grande Convention nationale des Canadiens français qui s’était déroulée l’année précédente à Québec, lors de laquelle avait germé l’idée de réunir les Acadiens, à l’exemple des Canadiens français qui cherchaient à unir leurs forces pour favoriser leur développement. Afin de choisir un saint patron qui aiderait les Acadiens à resserrer les liens fraternels d’origine, de race, de langue et de religion qui les unissent, certains délégués voulaient se joindre aux Canadiens français et opter pour la Saint-Jean-Baptiste. D’autres craignaient de perdre ainsi leur identité acadienne. Ils soulignaient les différences qui les distinguaient de cette autre branche catholique francophone canadienne, les Canadiens français, concentrés à l’origine dans la vallée du Saint-Laurent. L’abbé Marcel-François Richard s’est montré le plus convaincant des délégués en évoquant le fait que les Acadiens formaient un peuple distinct, ayant une histoire à part et une destinée propre. Son éloquence a rallié tout le monde à sa proposition de choisir Notre-Dame-de-l’Assomption – c’est-à-dire la Vierge Marie – comme patronne des Acadiens, et le jour de la fête de l’Assomption, le 15 août, comme jour de la fête nationale. Ce choix a reçu l’approbation de l’épiscopat des provinces maritimes le 16 septembre 1881.
Les origines du tintamarre
Le tintamarre est une tradition beaucoup plus récente. Le premier événement du genre s’est produit à Moncton en 1955 pour marquer le bicentenaire de la Déportation des Acadiens. L’archevêque Norbert Robichaud convie alors toutes les familles acadiennes à réciter la prière du bicentenaire au son des cloches de la ville, puis à faire un « joyeux tintamarre » avec ce qu’ils ont sous la main, sifflets, klaxons d’automobile, clochettes de bicyclette, criards, jouets, etc. L’idée n’est reprise qu’en 1979 par la Société des Acadiens du Nouveau-Brunswick, dans le but de souligner le 375e anniversaire de la fondation de l’Acadie. Elle souhaite encourager la population acadienne à « réaffirmer son identité haut et fort ». L’événement remporte un tel succès qu’il devient annuel dans plusieurs localités acadiennes. Cette manifestation semble inspirée d’une ancienne tradition presque disparue, le charivari, que de jeunes hommes pratiquaient pour protester contre divers événements, comme le mariage d’une jeune femme avec un vieil homme. Mais dans le tintamarre, la signification initiale du charivari a été complètement renversée pour en faire un événement joyeux et rassembleur. Sous cette forme, le tintamarre fait partie du patrimoine culturel immatériel proprement acadien.