Edmundston, le Madawaska et le patrimoine des « Brayons »
La région du Madawaska, au nord-ouest du Nouveau-Brunswick, a servi de refuge aux Acadiens qui cherchaient à refaire leur vie après la Déportation. À partir de 1785, plusieurs s’y établissent aux côtés des Malécites qui font la chasse et la pêche dans cette région depuis toujours. Dès le début du 19e siècle, l’exploitation forestière constitue la base de l’économie du Madawaska, et ce, jusqu’à aujourd’hui. Le tracé des frontières avec les États-Unis et le Québec, en 1842, divise la communauté acadienne et favorise l’émergence d’une culture brayonne spécifique. Car les Acadiens du Madawaska continueront d’entretenir d’étroites relations avec les descendants acadiens du comté d’Aroostook, aux États-Unis, et ils s’uniront avec des Québécois du Témiscouata, deux régions contiguës très semblables. L’amalgame culturel qui en résulte, enrichi d’influences autochtones, écossaises et irlandaises, fait la fierté des Brayons qui célèbrent leur identité lors de la Foire brayonne, notamment, qui se déroule à Edmundston. Ils mettent également leur histoire et leurs racines en valeur dans divers musées et sites d’interprétation à travers le Madawaska.
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Edmundston, centre économique et culturel du Madawaska
Edmundston est l’une des villes les plus francophones au Canada à l’extérieur du Québec. Plus de 90 % de sa population est de langue maternelle française. L’un de ses attraits les plus connus est le Jardin botanique du Nouveau-Brunswick qui possède 80 000 plantes, s’étend sur sept hectares et dont les mosaïcultures représentent divers éléments du patrimoine régional. Deux musées couvrent différents pans de l’histoire de la région, en plus du centre d’interprétation du Fortin du Petit-Sault et le Centre d’interprétation des voies ferrées Du Réel au Miniature, qui propose un tour d’horizon original sur la place des chemins de fer au Nouveau-Brunswick.
Le Musée historique du Madawaska possède une collection de 3000 objets conservés dans une réserve accessible au public sur les thèmes du travail forestier, des matières textiles, de l’agriculture et de la vie domestique. Sa nouvelle exposition permanente Frontières contestées, familles retrouvées relate l’épisode marquant du tracé de la frontière avec les États-Unis et ses conséquences. Quant au Musée des religieuses hospitalières de Saint-Joseph, il éclaire à l’aide de nombreuses photos et d’étonnants objets d’époque l’histoire du premier hôpital du Madawaska, l’Hôtel-Dieu de Saint-Basile. Dans le même secteur de la ville, la Maison historique Cyr construite au début du 19e siècle témoigne du patrimoine architectural fondateur de la région. Le monument dédié à l’Odyssée acadienne du Grand Dérangement se trouve dans ce secteur. Mentionnons que la brasserie artisanale Brasseurs du Petit-Sault d’Edmundston fait un clin d’œil à l’histoire en baptisant toutes ses bières du nom d’une personne ou d’un événement qui a contribué au développement communautaire et culturel du Madawaska.
La vie culturelle bénéficie de l’animation du campus local de l’Université de Moncton. Le Centre des arts d’Edmundston propose aussi une gamme d’activités. La Galerie Colline présente des expositions d’arts visuels et le Salon du livre célèbre l’actualité littéraire en français chaque année, au mois d’avril. Parmi l’abondante offre de spectacles, incluant le Festival de jazz qui a lieu en juin, le festival Foire brayonne qui se déroule en juillet se distingue par ses importants rassemblements populaires en plein air, par la diversité des activités proposées aux jeunes et moins jeunes et par l’accent mis sur l’identité brayonne. En tout temps, mais plus encore pendant la Foire brayonne, on sert la « ploye », une galette ou crêpe mince à base de farine de sarrasin (buckwheat) typiquement brayonne.
Ailleurs dans la région
Certaines localités proposent de découvrir d’autres aspects de l’histoire du Madawaska. À Saint-François-de-Madawaska, par exemple, au Musée de la Forge Joseph B. Michaud, on perpétue par des démonstrations le savoir-faire presque disparu des forgerons, ces artisans qui occupaient une position centrale dans leur communauté au début du 20e siècle. Dans la municipalité voisine de Clair, la société historique locale propose de plonger dans le quotidien des habitants du village au 19e siècle en visitant la maison historique Daigle/St-Jean construite en 1848, ainsi qu’une chapelle, une grange, un camp de bûcherons et une cuisine de chantier. Les objets rassemblés dans ces bâtiments, ainsi que l’histoire et les anecdotes que racontent les guides costumés font revivre cette époque.
À Saint-Hilaire, la visite du complexe Maxime-Albert et une exposition sur la période de la prohibition des années 1920-1930 révèlent l’activité florissante de fabrication et de vente illégales de boissons alcooliques, ou « bagosse », dans le Madawaska. Maxime Albert aurait été à la tête d’un important réseau de contrebande d’alcool s’étendant dans les provinces maritimes, au Québec et aux États-Unis. Il aurait même transigé avec des personnes aussi célèbres qu’Al Capone et Sam Bronfman. À Kedgwick, dans le comté de Restigouche, la réplique d’un village forestier en activité de 1865 à 1963 permet de prendre connaissance du fonctionnement de l’industrie forestière avant sa modernisation récente. Pas moins de 14 bâtiments restaurés de ce camp de bûcherons sont ouverts aux visiteurs. Les guides y expliquent les techniques d’exploitation forestière d’antan et les tâches qui rythmaient la vie dans ces camps. Certains guides racontent leur propre expérience de travail dans les derniers camps de bûcherons.