Musée canadien pour les droits de la personne : une institution pionnière

Le Musée canadien pour les droits de la personne, à Winnipeg, adopte une approche universelle pour témoigner de l’importance des droits de l’homme. Il souligne les efforts constants qui sont faits pour les acquérir et les maintenir. Plusieurs institutions, lieux de mémoire et sites historiques abordent des cas précis, telle tragédie, tel génocide en particulier, mais ce musée est le premier à explorer les droits de la personne dans une perspective générale, tant au Canada qu’à travers le monde. Il pousse le visiteur à réfléchir à sa perception des droits de la personne, à comprendre leur fragilité et à souscrire à leur application. La beauté du respect des droits de l’homme n’a d’égal que celle du superbe édifice dans lequel loge ce musée.

Pour en savoir plus…

Témoigner des luttes et des acquis, inciter à la réflexion

Le Musée canadien pour les droits de la personne comporte des expositions temporaires et des galeries permanentes qui racontent différentes histoires se rapportant aux droits de l’homme. Contrairement à bien d’autres institutions muséales, la communication du message ne repose pas sur une collection d’objets, elle passe plutôt par des témoignages, par le récit d’expériences vécues. Ce choix muséographique permet d’exposer des visions personnelles, intimes, sur les thèmes qui sont développés. Les personnes sont au centre de la réflexion sur les droits de la personne. L’émotion est au rendez-vous.

Les visiteurs découvrent que les droits de la personne comportent de multiples facettes et possèdent maints visages, tels ceux des minorités canadiennes francophones, métisses et autochtones. Les francophones en situation minoritaire du Manitoba ont âprement lutté pour obtenir le droit de s’instruire dans leur langue. Les droits de propriété des Métis sur les terres qu’ils cultivaient depuis des décennies ont été malmenés et foulés au pied. Le droit à l’identité et au respect de sa culture a été nié dans les pensionnats pour Autochtones où l’on tentait d’éradiquer l’« Indien » dans les enfants des Premières Nations que les autorités arrachaient à leurs parents.

Des lieux investis de signification

L’architecture et la muséographie du Musée ont été soigneusement conçues pour illustrer un cheminement allant de l’ombre à la lumière, de l’ignorance à la connaissance des droits de la personne. Le visiteur commence l’expérience dans une grande salle sombre, creusée à même la terre, qui évoque les rassemblements primitifs de l’humanité. Puis il découvre les premiers thèmes liés à la discrimination et aux crimes de masse. Il monte ensuite les différents paliers, guidé par des rampes d’albâtre qui luisent dans l’obscurité. À mesure qu’il progresse, le visiteur découvre des galeries mieux éclairées, aux thématiques plus optimistes, orientées vers l’instruction, la tolérance et la lutte contre les discriminations. À la toute fin de la visite, la tour de l’Espoir Israel Asper, du nom de celui qui a lancé le projet, est un phare symbolisant l’éveil… d’où l’on a une vue imprenable sur Winnipeg.

Le choix de cette ville pour établir un tel musée est pertinent, car certains événements historiques marquants s’y sont produits en rapport aux droits de l’homme. La rébellion de la Rivière Rouge, survenue en 1869-1870, est l’un d’entre eux. Sous la direction de Louis Riel, les Métis refusent alors que leurs terres soient confisquées parce que la Compagnie de la Baie d’Hudson ne leur a cédé qu’oralement les droits de propriété de celles-ci. En 1870, Louis Riel obtient justice et fait entrer le gouvernement métis provisoire du Manitoba dans la Confédération canadienne. Mais sa victoire ne sera que partielle et de nombreux Métis devront quitter la rivière Rouge. Un autre événement majeur survient à Winnipeg en 1919 : la grève générale qui sera une étape déterminante dans la naissance du syndicalisme au Canada.

Le Musée canadien pour les droits de la personne est situé juste à côté de l’esplanade Riel, un pont piétonnier qui unit symboliquement les communautés francophone et anglophone de Winnipeg. L’architecte franco-manitobain qui a conçu ce lieu de mémoire patrimonial, Étienne Gaboury, a aussi flanqué le pont routier Provencher voisin de symboles représentant la diversité des communautés qui composent le tissu social du Manitoba, entrelacées, en signe de complémentarité.

Petite histoire d’un grand musée

Ce projet de musée consacré aux droits fondamentaux a émergé en 2003. Au départ, il était l’initiative privée d’Israel Asper, avocat, politicien et homme d’affaires en vue du Manitoba, un fils d’immigrants juifs ukrainiens. À son décès, la même année, son projet devient gouvernemental, vu l’importance et la pertinence de cette thématique pour le Canada et le monde d’aujourd’hui. La construction débute en 2009 ; l’inauguration a lieu en 2014. Avec le Musée canadien de l’immigration du Quai 21 à Halifax, il est le seul musée national du Canada situé à l’extérieur de la région de la capitale nationale Ottawa.

https://droitsdelapersonne.ca/nous-joindre

Israel Asper Way 85
Winnipeg R3C 0L5 MB CA
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